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Littérature
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Delon-Belmondo : un couple impossible
Samuel Blumenfeld
- Des Equateurs
- Documents
- 3 Avril 2024
- 9782382845950
Ils appartiennent à la mémoire du cinéma français, à la même génération. Ils sont pourtant deux personnages opposés tant par leur tempérament, leur origine que leur filmographie. Ils se sont retrouvés seulement trois fois dans le même film, dans Sois belle et tais-toi de Marc Allégret, dans Borsalino de Jacques Deray et dans Une Chance sur deux de Patrice Leconte. Ils parcourent un chemin qui ne se croise presque jamais. Chacun écrit son histoire sans se donner la peine de regarder l'autre. Delon est tragique. Belmondo est un clown blanc. Delon était une star internationale et Belmondo, icône de la Nouvelle vague s'est épanoui dans l'Hexagone.
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Quand le narrateur rencontre en 2003 Marlon Brando, star déchue sur les hauteurs de Hollywood, il découvre un ogre paranoïaque qui regarde en boucle ses anciens films. Épuisé et ruiné par les pensions de ses divorces, Roi Lear qui aura trop enfanté, dont un fils meurtrier, il n'est plus l'acteur bestial d'Un tramway nommé Désir, le révolté du Bounty qui acheta un atoll à Tahiti, le dictateur paternaliste du Parrain, le crâne monstrueux d'Apocalypse Now, mais un survivant qui attend la mort et cherche la force de l'apprivoiser. À travers un fascinant et joueur face-à-face, le narrateur sera son guide, puis son exécuteur.
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Qui n'aurait voulu être Steve McQueen ? Qui n'aurait voulu avoir l'allure de celui qu'on surnommait The King of Cool ? Souvenez-vous du panoramique de L'Affaire Thomas Crown, où l'acteur embrasse longuement Faye Dunaway, et qui semble durer des heures. Souvenez-vous de la musique de Michel Legrand (The Windmills of your Mind), de la course sur la plage, mais aussi des yeux bleus de Josh Randall dans Au Nom de la Loi (1958-1961), le feuilleton qui rendit Steve McQueen célèbre, et auquel le roman de Samuel Blumenfeld emprunte son titre, en plusieurs sens. Fils unique et enragé, n'ayant jamais connu son père, champion automobile pilotant Jaguar ou Porsche, aimant la vitesse et le risque, les femmes et l'alcool, l'art martial et les drogues, The king of Cool s'affranchissait volontiers de la Loi, fût-elle celle d'Hollywood. Le voici réincarné.
En novembre 1980, le fils d'Isaac et Hannah Bergelson, un jeune juif à lunettes vivant sans aventures dans un foyer de la banlieue parisienne, écoute Roger Gicquel annoncer la mort de l'acteur à Ciudad Juarez des suites d'un cancer. Le monde s'écroule. Commence dans ce roman d'une nostalgie acidulée et d'une drôlerie égale à celle des premiers Philip Roth, la reconstitution d'une famille recomposée : celle des Bergelson, entre ratages et destin rêvé, et celle de Steve McQueen. « Il était devenu des nôtres. Il nous avait rejoint dans notre étrange exercice de surplace, pour vivre, dans le respect de notre tradition, au nom de la Loi ».