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Esther Heboyan
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San Francisco c'est d'abord le cadre des films de suspense et d'angoisse d'Alfred Hitchcock (Sueurs froides, Les Oiseaux), de l'une des poursuites automobiles les plus célèbres du cinéma (Bullitt), de la merveilleuse histoire d'amour qui révéla Dustin Hoffman (Le Lauréat) et d'un succès mêlant humour et tendresse (Madame Doubtfire). Mais San Francisco c'est également la ville de la jeunesse qui s'interroge sur son avenir (American Graffiti), celle où certains tentent de noyer leur mal être (Blue Jasmine de Woody Allen), la cité de la contre-culture américaine qui célèbre actuellement ses cinquante ans et où ont pris corps revendications et révoltes, comme celle des Afro-Américains (Black Panthers d'Agnès Varda) ou des homosexuels (Harvey Milk). Bref, San Francisco est sans doute, avec New York, l'une des villes américaines privilégiées par les cinéastes comme cadre de leurs films, avec bien sûr, en fond d'image, l'emblématique Golden Gate Bridge...
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Ce récit nous entraîne sur les routes du Mississippi, l'une des terres où naquit le blues, nourri de la sueur et du sang des esclaves Noirs, dans les villes et les villages du Sud Profond, leurs rues désertes et leurs maisons de bois, leurs cafés aux murs desquels sont accrochées vieilles guitares et photos jaunies de musiciens. Un voyage le long du fleuve aux eaux capricieuses, où résonnent encore et toujours les voix et la musique de Robert Johnson, Bessie Smith, B.B. King, John Lee Hooker et de tant d'autres... Comme le chante Christone « Kingfish » Ingram, enfant du pays et jeune prodige du blues : « Ici, y'a un son qui s'échappe du sol ! ».
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Récit ou fiction ? Ce texte raconte le déchirement de l'exil, celui qui pousse hors de chez elle une famille turco-arménienne d'Istanbul dans les années 1960, celui qui vous fait rechercher fébrilement, parmi les vieilles photos jetées en vrac dans une boîte à chaussures, le sourire d'une mère, la moue d'un petit frère, la fierté d'un grand-père. Souvenirs que la nuit transforme en autant de cauchemars et le jour en autant de questions sans réponses. « Savions-nous que nous partirions un jour ? Et que notre ciel serait d'exil ? » Astrid, l'héroïne de ces pages, interroge ses souvenirs, nostalgiques et cocasses, intenses et drôles, persuadée d'y puiser à la fois la force pour chasser les souffrances du passé qu'ils dissimulent et l'émotion pour, enfin, retrouver la vie.
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Grâce à sa quête permanente de « choses qui enflamment [son] imagination », Jim Jarmusch occupe une place singulière dans le cinéma postmoderne américain et international. S'inspirant méticuleusement et avec enthousiasme de littérature, de philosophie, des arts visuels, de cartoons, de chansons et de musique, peintre des cultures et des paysages de l'ailleurs qui se veut à l'écoute des langues et accents du monde, Jarmusch cherche à « confondre et brouiller les éléments apparemment disparates » pour créer beauté et poésie.
Depuis plus de trois décennies, un comique décalé, une narration contemplative, une structure épisodique, une intertextualité soulignée et des références transculturelles décrivent la condition humaine avec un désenchantement contenu et un ravissement distancié. Les 16 articles (rédigés en français et en anglais) qui composent Les variations Jarmusch réinterrogent l'éthique et l'esthétique de l'un des cinéastes les plus originaux d'Indiewood. -
"Dans l'exil s'appliquent la double peine, la double perte. Comme si l'on mourait deux fois. On meurt de n'avoir pas vécu pleinement là-bas faute d'espérance et donc de plénitude. On meurt d'avoir vécu à moitié ici faute d'ancrage et donc de plénitude. Ce sont deux vies qu'on pleure. Deux vies vouées à l'absence, à la dérive. Deux vies jetées sur un radeau qui vogue d'une rive à l'autre, tangue, divague sans jamais vous laisser débarquer sur la terre ferme." Sur un ton à la fois tendre et caustique, l'auteure, dans ces nouvelles, révèle l'intimité de personnages déracinés, à l'identité éclatée. Ils traversent les situations de la vie ordinaire entre confusion des langues et confusion des sentiments. La douleur est tenue à distance, on rit pour faire semblant de ne pas pleurer mais la mémoire, sans cesse réactivée, attire irrésistiblement vers l'exil intérieur. De magnifiques histoires de vie offertes comme une confidence, un secret partagé.
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Poèmes d'Esther Heboyan.
Esther Heboyan a vécu à Istanbul, à Stuttgart, à Paris, dans le Buckinghamshire et dans le Midwest. Sa jeunesse passée en banlieue parisienne dans les années soixante-dix lui a inspiré «Les Rhododendrons». Ses allers-retours entre Paris et l'Université d'Artois où elle enseigne la littérature américaine depuis 1996 ont donné «Gare du Nord». Quant aux «Impressions d'hier & d'aujourd'hui», elles évoquent l'attente et l'absence.
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Il a laissé une partie de lui-même là-bas, même s'il ne sait plus très bien d'où il vient.
Ce recueil de neuf nouvelles restitue l'ambiance des familles marquées par l'exil et les souvenirs d'enfance sous forme de chroniques parfois loufoques où se mêlent une tonalité caustique et des bouffées de nostalgie. Sur une immense terrasse blanche au dernier étage de l'immeuble, entre le royaume du Tout-Puissant qu'elle espérait bien atteindre un jour et le minaret du muezzin qu'elle apercevait chaque jour, ma grand-mère avait aménagé un petit poulailler.
Les récits sont marqués par l'intemporalité des destins croisés et la difficulté d'être, mais toujours avec humour et tendresse. Et des années plus tard, alors que tous avaient quitté la rue, la ville, le pays, il arrivait toujours un moment où l'un d'eux retrouvait, dans une langue désormais morte, parmi les souvenirs tendrement enfouis, le jour où Ava Gardner était passée par Harbiye au nord d'Istanbul.
Un regard quelque peu désabusé sur l'exil qui disperse les choses, avec ces moments de fête, ces querelles autour du marc de café et ces saveurs de limonade glacée. Avec toujours le rappel d'une certaine étrangeté des lieux, des sons, des pratiques et des noms.