Le Chien jaune Vendredi 7 novembre. Concarneau est désert. L'horloge lumineuse de la vieille ville, qu'on aperçoit au-dessus des remparts, marque onze heures moins cinq.
C'est le plein de la marée et une tempête du sud-ouest fait s'entrechoquer les barques dans le port. Le vent s'engouffre dans les rues, où l'on voit parfois des bouts de papier filer à toute allure au ras du sol.
Quai de l'Aiguillon, il n'y a pas une lumière. Tout est fermé. Tout le monde dort. Seules les trois fenêtres de l'hôtel de l'Amiral, à l'angle de la place et du quai, sont encore éclairées...
Maigret et la jeune morte Maigret bâilla, poussa les papiers vers le bout du bureau. - Signez ça, les enfants, et vous pourrez aller vous coucher.
Les « enfants » étaient probablement les trois gaillards les plus durs à cuire qui fussent passés par la P. J. depuis un an. L'un d'eux, celui qu'on appelait Dédé, avait l'aspect d'un gorille, et le plus fluet, qui avait un oeil au beurre noir, aurait pu gagner sa vie comme lutteur forain. Janvier leur passait les papiers, une plume, et, maintenant qu'ils venaient enfin de lâcher le morceau, ils ne se donnaient plus la peine de discuter, ne lisaient même pas le procès-verbal de leur interrogatoire, et signaient d'un air dégoûté.
L'horloge de marbre marquait trois heures et quelques minutes et la plupart des bureaux du Quai des Orfèvres étaient plongés dans l'obscurité. Depuis longtemps, on n'entendait plus d'autre bruit qu'un lointain klaxon ou les freins d'un taxi qui dérapait sur le pavé mouillé. Au moment de leur arrivée, la veille, les bureaux étaient déserts aussi, parce qu'il n'était pas neuf heures du matin et que le personnel n'était pas encore là. Il pleuvait déjà, de cette pluie fine et mélancolique qui tombait toujours.
Pour résoudre ses affaires de meurtre, le commissaire Maigret a une méthode infaillible. Des bars mal famés de Pigalle aux hôtels douteux du quartier de la gare du Nord, ce fin connaisseur de la comédie humaine observe beaucoup, fume avec délectation son inséparable pipe et attend «le fait significatif qui ne manque jamais de se produire. Le tout, c'est d'être là quand il a lieu et d'en profiter...» Trois enquêtes captivantes du célèbre commissaire Maigret, par un très grand romancier du XXe siècle.
Les Vacances de Maigret Alors que le couple Maigret se repose quelques jours aux Sables-d'Olonne, Mme Maigret est victime d'une crise d'appendicite. A l'hôpital où elle est soignée, une religieuse implore le commissaire de s'intéresser à « la malade du 15 ».
Dans quelles circonstances cette jeune femme est-elle tombée de la voiture que conduisait son beau-frère, le Dr Philippe Bellamy ? Pourquoi ce dernier semble-t-il faire si peur à la jeune Lucile Duffieux, une gamine de quatorze ans qui sera assassinée peu après ? Qu'est devenu Emile, son frère aîné, parti pour Paris où il n'est jamais arrivé oe Et Maigret d'oublier ses vacances. Entre deux visites à l'hôpital, il va percer à jour une de ces passions morbides qui peuvent naître au sein d'une vie en apparence aussi calme et équilibrée que celle du Dr Bellamy...
Quand je me suis éveillé, les rideaux de toile écrue laissaient filtrer dans la chambre une lumière jaunâtre que je connaissais bien. Nos fenêtres, au premier étage, n'ont pas de volets. Il n'y en a à aucune maison de la rue. J'entendais, sur la table de nuit, le tic-tac du réveille-matin et, à côté de moi, la respiration scandée de ma femme, presque aussi sonore que celle des patients, au cinéma, pendant une opération.
Elle était alors enceinte de sept mois et demi.
La Première Enquête de Maigret Qui a tiré un coup de revolver, en pleine nuit, dans l'hôtel particulier de la puissante famille Gendreau-Balthazar, rue Chaptal oe Tout jeune secrétaire du commissariat du quartier Saint-Georges, Jules Maigret se voit confier une enquête officieuse - car on n'attaque pas de front ces gens de la haute société, aux relations influentes.
Maigret va habilement débrouiller l'écheveau des secrets de la famille Gendreau. En particulier les ambitions d'Hector, fondateur de la dynastie : assurer à sa descendance un nom à particule. Comment la vanité mêlée aux intérêts d'argent peut déboucher sur le meurtre, c'est ce que nous découvrirons au terme de l'enquête.
Enquête inutile. Maigret apprendra que les riches méritent des égards auxquels d'autres classes sociales n'ont pas droit...
L'Affaire Saint-Fiacre Un grattement timide à la porte ; le bruit d'un objet posé sur le plancher ; une voix furtive:
« Il est cinq heures et demie ! Le premier coup de la messe vient de sonner. » Maigret fit grincer le sommier du lit en se soulevant sur les coudes et tandis qu'il regardait avec étonnement la lucarne percée dans le toit en pente, la voix reprit :
« Est-ce que vous communiez ? » Maintenant, le commissaire Maigret était debout, les pieds nus sur le plancher glacial. lI marcha vers la porte qui fermait à I'aide d'une ficelle enroulée à deux clous. lI y eut des pas qui fuyaient, et, quand il fut dans le couloir, il eut juste le temps d'apercevoir une silhouette de femme en camisole et en jupon blanc.
Alors il ramassa le broc d'eau chaude que Marie Tatin lui avait apporté, ferma sa porte, chercha un bout de miroir devant lequel se raser.
Le Pendu de Saint-Pholien Personne ne s'aperçut de ce qui se passait. Personne ne se douta que c'était un drame qui se jouait dans la salle d'attente de la petite gare où six voyageurs seulement attendaient, l'air morne, dans une odeur de café, de bière et de limonade.
Il était cinq heures de l'après-midi et la nuit tombait. Les lampes avaient été allumées mais, à travers les vitres, on distinguait encore dans la grisaille du quai les fonctionnaires allemands et hollandais, de la douane et du chemin de fer, qui battaient la semelle.
Car la gare de Neuschanz est plantée à l'extrême nord de la Hollande, sur la frontière allemande.
Une gare sans importance. Neuschanz est à peine un village. Aucune grande ligne ne passe par là. Il n'y a guère de trains que le matin et le soir, pour les ouvriers allemands qui, attirés par les gros salaires, travaillent dans les usines des Pays-Bas.
Et la même cérémonie se reproduit chaque fois. Le train allemand s'arrête à un bout du quai. Le train hollandais attend à l'autre bout.
La Pipe de Maigret II était sept heures et demie. Dans le bureau du chef, avec un soupir d'aise et de fatigue à la fois, un soupir de gros homme à la fin d'une chaude journée de juillet, Maigret avait machinalement tiré sa montre de son gousset. Puis il avait tendu la main, ramassé ses dossiers sur le bureau d'acajou. La porte matelassée s'était refermée derrière lui et il avait traversé l'antichambre. Personne sur les fauteuils rouges. Le vieux garçon de bureau était dans sa cage vitrée. Le couloir de la Police judiciaire était vide, une longue perspective à la fois grise et ensoleillée.
B>LoeOmbre chinoise Il était dix heures du soir. Les grilles du square étaient fermées, la place des Vosges déserte, avec les pistes luisantes des voitures tracées sur loeasphalte et le chant continu des fontaines, les arbres sans feuilles et la découpe monotone sur le ciel des toits tous pareils.
Sous les arcades, qui font une ceinture prodigieuse à la place, peu de lumières. A peine trois ou quatre boutiques. Le commissaire Maigret vit une famille qui mangeait dans loeune doeelles, encombrée de couronnes mortuaires en perles.
Il essayait de lire les numéros au-dessus des portes, mais à peine avait-il dépassé la boutique aux couronnes quoeune petite personne sortit de loeombre.
Coeest à vous que je viens de téléphoner oe Il devait y avoir longtemps quoeelle guettait. Malgré le froid de novembre, elle noeavait pas passé de manteau sur son tablier. Son nez était rouge, ses yeux inquiets.
La Colère de Maigret Emile Boulay, patron de plusieurs cabarets montmartrois, est découvert étranglé près du Père-Lachaise.
Avec qui avait-il rendez-vous ? Pourquoi, quelque temps plus tôt, cet homme habituellement si économe a-t-il retiré 500 000 francs de son compte bancaire ?
Peu à peu, Maigret reconstitue les faits et découvre que Boulay est soupçonné de n'être pas étranger à la mort d'un racketteur du nom de Mazotti.
Et, lorsqu'il s'apercevra que son nom a été cité, dans une sordide escroquerie, comme celui d'un policier corruptible, sa colère éclatera...
B>Maigret et l'affaire Nahour En pleine nuit, le docteur Pardon alerte son ami Maigret : un inconnu vient de lui amener une jeune femme, Lina, légèrement blessée par balle. Puis le couple a disparu, donnant de la blessure une explication très sommaire... Le lendemain, un Libanais du nom de Félix Nahour, joueur professionnel, est découvert assassiné dans son hôtel particulier. Il n'était autre que le mari de la jeune femme, dont la police retrouve la trace à Amsterdam, où elle s'est enfuie avec son amant, Vicente, un étudiant colombien.
Nahour a-t-il tiré sur sa femme, comme celle-ci le prétend, parce qu'elle voulait demander le divorce ? Faut-il croire le secrétaire de Nahour, aux yeux de qui le meurtrier est évidemment l'amant de Lina ? Maigret ne parvient pas à se contenter de ces explications trop claires. Il lui faudra toute son intuition pour comprendre la mentalité des étrangers dont il s'occupe, et tout son ascendant pour leur faire avouer peu à peu la vérité.
Dans La chambre bleue, pratiquement tous les sujets et approches psychologiques de Simenon sont présents. Vie d'un bourg poitevin, ragots de village, mariage et adultère, immigré (ici, il est fils d'Italien) dans la France de l'époque, les commerçants et les ouvriers, les coupables et leurs juges, l'éducation d'un enfant, l'homme et la femme et leur impossibilité de communiquer. Un homme retrouve une camarade de classe et ils deviennent des amants merveilleux. Et tragiques. Simenon, comme souvent, brouille cette banale apparence avec des destins et des personnages extrêmement bien campés. et un érotisme, diffus, qui est omniprésent.
Maigret se trompe Qui a tué Louise Filon, alias Lulu, ancienne prostituée du quartier de La Chapelle, alors qu'elle était enceinte ? Et qui payait son appartement cossu, dans le quartier des Ternes ? En cherchant la réponse à ces questions, Maigret va découvrir deux hommes dans la vie de la victime : Pierrot, le musicien de musette, et le professeur Etienne Gouin, une sommité du monde médical. Il va aussi plonger dans deux Paris on ne peut plus dissemblables : celui des pauvres et des mauvais garçons, celui - feutré, silencieux, orgueilleux aussi - d'une bourgeoisie opulente...
Reste à découvrir le coupable. Et son mobile. Et pour cela, à affronter la personnalité imposante du médecin, que Maigret semble redouter...
La Guinguette
à deux sous
Une fin d'après-midi radieuse. Un soleil presque sirupeux dans les rues paisibles de la Rive Gauche. Et partout, sur les visages, dans les mille bruits familiers de la rue, de la joie de vivre.
Il y a des jours ainsi, où l'existence est moins quotidienne et où les passants, sur les trottoirs, les tramways et les autos semblent jouer leur rôle dans une féerie.
C'était le 27 juin. Quand Maigret arriva à la poterne de la Santé, le factionnaire attendri regardait un petit chat blanc qui jouait avec le chien de la crémière.
Il doit y avoir des jours aussi où les pavés sont plus sonores. Les pas de Maigret résonnèrent dans la cour immense. Au bout d'un couloir, il interrogea un gardien.
- Il a appris oe.
- Pas encore.
Un tour de clef. Un verrou. Une cellule très haute, très propre, et un homme qui se levait tandis que son visage semblait chercher une expression.
- ça va, Lenoir ? questionna le commissaire.
Il y a un quart d'heure à peine que Mme Romond, la grosse toujours en négligé, a lavé son seuil de deux marches et sa portion de trottoir. Si bien que devant sa maison il y a un rectangle bien dessiné de pavés qui paraissent noirs et qui reluisent. La semaine passée, l'agent de police est allé de maison en maison pour rappeler aux gens qu'ils devaient arracher l'herbe entre les pavés et, pendant toute une journée, on a entendu le crissement des couteaux sur la pierre.
C'est sans réel plaisir que Maigret voit ressurgir Léon Florentin, son ancien condisciple au lycée Banville, à Moulins, qu'il n'a jamais particulièrement estimé. Quant à l'affaire que lui apporte celui-ci, elle n'est guère ragoûtante non plus : l'assassinat d'une certaine Joséphine Papet, dite Josée, maîtresse de Florentin et de plusieurs autres messieurs d'âge mûr qui lui procurent de quoi vivre, au nombre desquels un haut fonctionnaire, un industriel de Rouen, un Bordelais négociant en vins...
Florentin est-il antiquaire, comme il le prétend ? Que font dans son logis du boulevard Rochechouard les économies de Josée ? Faut-il croire qu'il a réellement voulu se suicider en se jetant dans la Seine ? Il y a vraiment des gens qui vous font douter de tout...
Entre Montmartre et Notre-Dame-de-Lorette, Maigret débrouille un à un les fils d'une énigme où la respectabilité dissimule la médiocrité, voire le sordide.
II était un peu plus de une heure, cette nuit-là, quand la lumière s'éteignit dans le bureau de Maigret. Le commissaire, les yeux gros de fatigue, poussa la porte du bureau des inspecteurs, où le jeune Lapointe et Bonfils restaient de garde. " Bonne nuit, les enfants ", grommela-t-il Dans le vaste couloir, les femmes de ménage balayaient et il leur adressa un petit signe de la main. Comme toujours à cette heure-là, il y avait un courant d'air et l'escalier qu'il descendait en compagnie de Janvier était humide et glacé.
MAIGRET A VICHYUne femme, Hélène Lange, a été étranglée à Vichy. Bien qu'elle y ait vécu neuf ans, personne ne sait rien d'elle. Ni d'où proviennent les coquettes sommes d'argent qu'elle recevait à intervalles réguliers. Séjournant là pour une cure thermale en compagnie de son épouse, Maigret s'intéresse entre deux promenades à l'enquête de son confrère et ami Lecoeur. Ce dernier n'aura pas grand mal à arrêter l'assassin. Les petits secrets des soeurs Lange, en revanche, lui donneront davantage de fil à retordre... Comme toujours, Simenon excelle à créer une ambiance, à la rendre palpable. Les kiosques et les jardins de Vichy, les pavillons rococos, le calme teinté d'ennui de la saison thermale forment un parfait contrepoint aux existences, sordides ou pathétiques, qui nous sont finalement révélées.
Maigret et les braves gens Au lieu de grogner en cherchant loeappareil à tâtons dans loeobscurité comme il en avait loehabitude quand le téléphone sonnait au milieu de la nuit, Maigret poussa un soupir de soulagement.
Déjà il ne se souvenait plus nettement du rêve auquel il était arraché, mais il savait que c?était un rêve désagréable : il tentait doeexpliquer à quelquoeun doeimportant, dont il ne voyait pas le visage et qui était très mécontent de lui, que ce n?était pas sa faute, quoeil fallait montrer de la patience à son égard, quelques jours de patience seulement, parce quoeil avait perdu loehabitude et quoeil se sentait mou, mal dans sa peau. Quoeon lui fasse confiance et ce ne serait pas long. Surtout, quoeon ne le regarde pas doeun air réprobateur ou ironique?
L'homme vrai, pour Simenon, c'est l'«homme nu», débarrassé de ses masques géographiques, historiques ou sociaux. Ce n'est pas à proprement parler un héros, il est «n'importe qui dans la rue», mais, placé dans une situation de crise, il va jusqu'au bout de lui-même et révèle ce qu'il a en lui d'essentiel. Le roman de Simenon n'est donc pas une chronique : c'est une crise. Resserrement de l'action, tension du récit, rupture, passage à l'acte. Le personnage joue son destin comme aux dés, la mort est souvent au rendez-vous, le lecteur est porté par l'envie de savoir. On voit tout ce que le roman-crise doit au roman policier, et l'on comprend ce qui fait l'unité de l'oeuvre. Simenon a trouvé dans ses propres récits d'énigme - les «Maigret» qui lui valurent ses premiers succès - de quoi structurer le genre auquel il tenait le plus, le «roman dur» (entendre : non-policier), qui est aussi un «roman pur» : dépourvu de considérations abstraites, composé de «mots matière», apte à saisir les êtres dans leur vérité. Il aura passé sa vie à parfaire et à épurer sa formule. Son extraordinaire productivité l'a parfois desservi. Les romans rassemblés dans la Pléiade - cinq «Maigret», seize «romans durs» - retracent sa trajectoire et manifestent la cohérence de son ambition.
Lorsqu'ils se rencontrent au milieu de la nuit dans un bar de Manhattan, Kay et Franck sont deux êtres à la dérive. Lui, acteur naguère célèbre, proche de la cinquantaine, tente d'oublier que sa femme l'a quitté pour un homme plus jeune. Elle, chassée de la chambre qu'elle partageait avec une amie, n'a plus même un endroit pour dormir...
Mais si l'attirance entre eux est réciproque, peut-elle suffire à leur faire oublier les blessures de la vie ?
Redoutant de la perdre, jaloux de son passé et des hommes qu'elle a connus, aussi peu sûr d'elle que de lui, Franck sera bien près de saccager cet amour qui est peut-être sa nouvelle chance...
Georges Simenon nous guide au coeur de la grande ville, dans l'ombre de ces deux errants, avec la vérité et l'humanité qui lui ont attaché des millions de lecteurs et lui confèrent une des toutes premières places parmi les romanciers du xxe siècle.
Trois chambres à manhattan Lorsqu'ils se rencontrent au milieu de la nuit dans un bar de Manhattan, Kay et Franck sont deux êtres à la dérive. Lui, acteur naguère célèbre, proche de la cinquantaine, tente d'oublier que sa femme l'a quitté pour un homme plus jeune. Elle, chassée de la chambre qu'elle partageait avec une amie, n'a plus même un endroit pour dormir...
Mais si l'attirance entre eux est réciproque, peut-elle suffire à leur faire oublier les blessures de la vie ?
Redoutant de la perdre, jaloux de son passé et des hommes qu'elle a connus, aussi peu sûr d'elle que de lui, Franck sera bien près de saccager cet amour qui est peut-être sa nouvelle chance...
Georges Simenon nous guide au coeur de la grande ville, dans l'ombre de ces deux errants, avec la vérité et l'humanité qui lui ont attaché des millions de lecteurs et lui confèrent une des toutes premières places parmi les romanciers du xxe siècle.
" Lorsqu'on demande à Jonas Milk, le petit bouquiniste et philatéliste du Vieux-Marché, où est passée sa jeune et jolie femme Gina, il répond évasivement qu'elle est allée à Bourges. Mais à mesure que les jours passent, cette réponse apparaît de plus en plus insuffisante ; et bientôt les ragots, les soupçons, l'hostilité de toute la ville se concentrent autour du petit homme d'Arkhangelsk, Russe naturalisé français, mais finalement resté aux yeux de tous l'étranger "...
Jonas est innocent, pourtant. Mais il faut croire qu'il appartient à un monde où les innocents sont faits pour devenir des victimes...
Le créateur de Maigret, disparu en 1989, nous conte ici à petites touches, en observateur attentif des moeurs provinciales et de la nature humaine, un drame de la solitude. Sans lyrisme ni pathétique, il nous fait partager sa compassion. On se dit en refermant le livre que l'on a dû aussi, sans le savoir, côtoyer des Jonas Milk. "
La cause est entendue : crime passionnel. Charles Alavoine, respectable médecin de La Roche-sur-Yon, assassin de Martine Englebert, sa maîtresse, est en prison. Mais au-delà du verdict, il reste la vérité humaine...
Dans cette longue lettre au juge, peu après sa condamnation, Alavoine retrace les étapes du chemin qui l'a conduit au meurtre : l'autorité possessive d'une mère qui a décidé de ses études et de son mariage, puis d'une seconde femme, qui à son tour, supplantant la mère, va régenter sa vie. L'apparition de Martine, venue occuper un emploi de secrétaire après avoir mené à Paris une existence des plus libres, a d'abord été comme un grand souffle de liberté et de passion... Mais certaines rencontres ne sont-elles pas trop fortes pour un caractère timide et soumis oe La crainte, la jalousie, le confinement de la vie provinciale et du rôle social, l'explosion des pulsions trop longtemps contenues... Ces thèmes obsédants de l'univers romanesque propre à Georges Simenon trouvent ici une expression lucide, dépouillée, quasi désespérée.