Filtrer
jean marc lovay
-
La tentation de l'Orient
Maurice Chappaz, Jean-Marc Lovay
- Zoé
- Zoé Poche
- 6 Janvier 2023
- 9782889071739
Tenue entre 1968 et 1969, cette correspondance entre Maurice Chappaz, poète d'âge mûr, et Jean-Marc Lovay, écrivain en gestation, saisit en direct les plus fortes étapes de leurs voyages intérieurs.
De Paris de mai 1968, du Valais ou de Laponie qu'il parcourt sac au dos, Chappaz encourage Lovay à suivre son instinct, comme lui-même autrefois.
De Kaboul, New Delhi ou Katmandou, Lovay adresse des lettres inspirées, prélude de l'oeuvre à venir: il rend compte de son cheminement vers l'inconnu et se dépouille de sa carcasse culturelle. Seul demeurera le conseil de son aîné: "garder du primitif en circulation libre". -
Une fillette qui se met au service des deux hommes. Ceux-ci sont en proie à des pulsions innommables, se laissent envahir par des terreurs paranoïaques, les mots eux-mêmes menacent le narrateur, investissent son monde intérieur, y perturbent tout. Seuls les repas apportent une trêve, un moment de communion, d'où le titre du roman. " Polenta demeure, et c'est heureux, un récit sans résolution : tout y tient dans l'atmosphère de violence contenue, dans l'innommé qui traverse le monde intérieur des personnages et envahit peu à peu le texte ainsi que son lecteur médusé, dans le mutisme de plomb des objets et des plantes. Un fascinant huis clos. " Jérôme Meizoz
-
Aucun de mes os ne sera troué pour servir de flûte enchantée
Jean-Marc Lovay
- Zoé
- Zoé Poche
- 21 Novembre 2009
- 9782881826580
" Et en me retournant vers le ciel dénué de pitié et de cruauté j'entendais finir d'un coup les chants de colère et les chants de joie des oiseaux "
-
Ces poèmes en prose, écrits par Lovay dans sa jeunesse et aujourd'hui complétés, sont fulgurants, parfois lapidaires. Ici résonnent des clameurs violentes que la barbarie du temps a engendrées.
Le monde des hommes et celui des animaux sont indissociablement liés, la beauté de la nature, du roc, de la glace et du ciel rayonnent. Aucune prétention à la prophétie, comme Rimbaud, souvent évoqué à propos de son oeuvre, mais la vision tourmentée d'un esprit qui veut rester lucide.
-
"Mère Machyne, grande réparatrice et endormeuse des corps, et père Maschain, petit arrangeur et consolateur des âmes, à la seconde où j'arrivais au bout de la traversée d'une heure qui était peut-être déjà mon avant-dernière heure, et grâce à de prétendus expiatoires hurlements inhumains parvenus jusqu'à moi par un tunnel creusé à travers le ciel, j'apprenais que vous ne pourriez plus jamais m'entendre ni me répondre et je recommençais à penser à ce que je vous dirais encore si je vous apercevais pour la véritable dernière de toutes les fausses dernières fois au-delà de ce qui était peut-être déjà le dernier nuage de la vaporeuse et apaisante brume blanche." Dans les romans de Lovay, on est emporté par la langue et on suspend toute recherche d'un sens immédiat pour laisser affleurer le plaisir de lire des phrases dont le puissant mouvement vous entraîne irrésistiblement vers un sens ultime même si celui-ci se dérobe au fur et à mesure de la lecture.
A propos de cette écriture, Charles Méla écrit: "C'est aussi une forme de sainteté, d'exigence absolue, de ne jamais céder sur son désir de quelque chose qui soit tout autre".
-
Deux récits proches de la fable, Berceuse et Réverbération, ont un héros commun, Krapotze, qui aspire à être élu Grand Suicideur. Dans les fictions de Lovay, le non-sens a un sens. Quand Krapotze et son complice, devenus traqueurs de voleurs et de truqueurs de rêves, réussiront à n'être ni grandis ni perdus par leur sublime vanité à vouloir incarner les prodigieuses ombres acharnées à poursuivre l'ombre noire de l'Arracheur de mémoire, personne ne pourra plus les empêcher d'entrevoir encore une fois la Sauveuse. Elle, revenue des confins du seul vrai rêve qu'aura été leur vie, leur soufflera d'oublier que c'était grâce à elle qu'ils étaient nés pour disparaître, et qu'ils comprendraient enfin pourquoi elle connaissait toujours tout sans jamais rien reconnaître.
-
-
Le héros de ce roman, qui s'apparente à un récit de sciencefiction, prend la décision farouche de quitter sa cité pour l'ailleurs, derrière la haute muraille qui divise la ville. Ignorant tout de ce qui s'y trouve, il s'y dirige comme un fantôme. Peu à peu il découvre la cité et ceux qui l'habitent : un responsable de l'ordre ainsi que trois amis,l'insondable matricule de 44 chiffres, la colline de pierre artificielle, les grottes de la Culture. Une sorte de révolte l'envahit et cependant il est complice du jeu de ceux qui veulent détruire. En s'enfuyant à nouveau de ce monde, il franchit une autre muraille qui lui vaudra son salut ou sa perdition. Il s'en va, sentant que tout est piégé, pris dans une solitude infinie.
-
-
«Un cordonnier de village comprend qu'il est haï et part à la recherche d'une parenté : c'est peut-être sur une ancienne souche que naîtrait un aujourd'hui moins sombre. Il voyage comme il peut. Il affronte les intempéries et les administrations, les métiers de hasard et les caprices des gens, les fausses situations, les tremblements de terre et d'incertaines amours. Il remonte même jusqu'à la vie animale, mais pas n'importe quel animal. Il n'est guère dupe, il voit la cruauté de l'univers, il la subit et il y participe (on est tous des étrangleurs). Mais il découvre les sources de la tendresse. On est dépaysé par la brutalité des faits et des sensations et pourtant on les reconnaît. Les événements se bousculent et pourtant la vie prend une lenteur épique. La puissante présence du héros n'éclipse pas les singularités de ses comparses. Sa lucidité n'entrave pas son entêtement. On est gagné par la tristesse mais aussi par le courage. Les malheurs n'entament pas la santé de l'âme ni la joie des choses. Il y a là une espérance qui ressemble à celle du Taciturne.» Jean Grosjean.
-
Né à Sion, en Suisse, en 1948, autodidacte, Jean-Marc Lovay a parcouru le monde avant de se fixer dans les montagnes du Valais. Les Régions céréalières dépeignent un univers étatique de grands Domaines agricoles hors de fonction et au milieu desquels se traînent des gardiens incommunicables. Le narrateur est chargé par le Centre d'Archives gouvernemental d'inventorier avec minutie le passé des Domaines. Titubant avec sérénité dans les labyrinthes d'une documentation équivoque et d'une topographie inextricable et grandiose, l'observateur maniaque s'enfonce dans la toute-puissance d'un univers du refus à la fois enraciné dans l'âme humaine et dans le temps. Humour grinçant, désespoir : il n'y a pas de salut dans la victoire, mais seulement dans un provisoire et éternel abandon de poste.
-
Espérant que mes yeux n'étaient pas devenus des fenêtres qui seraient bientôt ouvertes d'un coup par un brutal préposé à leur ouverture, je pouvais entendre encore plus que sentir le cliquetis des os des minuscules doigts qui picotaient et tapotaient mes joues dans la même cadence que celle de la machine qui avait un jour pris les mesures de ma tête millimètre par millimètre, en déversant avec une trompe baladeuse jusqu'au fond de mes oreilles une musique champêtre avec la certitude d'apaiser mon esprit déjà lointain et de le transporter loin du monde de l'autonomie des machines, tout en croyant lui permettre de se croire encore fraternellement et naturellement proche de la machine autonome dont une voix qui aurait pu être la voix de l'épouse d'un morceau d'aluminium nommait chaque centimètre carré de mon crâne avec des noms de fleurs des champs.
-
Les six nouvelles d'Asile d'azur sont d'une âpre beauté. Seul, dans un monde de dictature et de guerre, sans échappatoire, un narrateur dévide tous les fils de plomb de sa révolte dans un langage puissant et outrancier. Aveuglé jusqu'à l'excès de clairvoyance, l'écrivain poursuit dans les six récits le seul élément qui pourrait le réparer dans son destin d'être humain : la liberté.
-
En 1983 et 1984, Jean-Marc Lovay donna plusieurs conférences en Suède et en Australie, lors d'échanges culturels.
Inventés pour être dits publiquement, écrits parfois dans les pays concernés, ces textes ouvrent une autre porte sur le monde romanesque de Jean-Marc Lovay. Ils éclairent sa façon de créer des histoires, ou, comme dans la Conférence de Stockholm, sa manière de traiter un problème connu (ou une situation peu connue) : la relation entre les écrivains des différentes régions de Suisse.
Ce livre suggère une approche originale de l'auteur des Régions céréalières. Il fera découvrir son oeuvre à ceux qui ne la connaissent pas et fascinera ses fidèles.
-
Irrémédiable destin que celui de ce joyeux médecin qui, pour guérir son plus fidèle patient, épouse son triste mal en sachant qu'il ne le sauvera jamais.
À l'entrée d'hiver du jardin zoologique fermé depuis trente ans, le narrateur, après avoir passé devant « la statue du renard blanc érigée en mémoire de la blancheur éternelle des goupils transportés dans la transe des enragés », franchit le seuil de la clinique Azoug où il est attiré par l'avis d'une pancarte : unique patient cherche volontaire pour le visiter. Hypnotisé par le lieu où la Doctorine Azoug l'attend depuis très longtemps, il avance à la recherche de ce patient avec la douceur du terrible désespoir inconscient. Le patient Hazoug est le peintre attitré de la Doctorine, tenu de faire son autoportrait tout en sachant qu'il mourra le jour où, pour son malheur, il aurait achevé l'oeuvre où elle reconnaîtrait leurs deux visages enfin confondus.
JEAN-MARC LOVAY libère, en le maîtrisant, le souffle d'une folie dans l'écriture. Auteur des Régions céréalières, il signe ici son septième roman.