Écrivain « corsaire », poète de l'opposition et cinéaste « à scandale », Pier Paolo Pasolini a été un infatigable polémiste et l'auteur de prophéties éclatantes sur des phénomènes toujours d'actualité (dérive capitaliste, homologation culturelle, consumérisme du superflu, développement sans progrès). Un siècle après sa naissance et 47 ans après sa mort, Pasolini nous est toujours contemporain et constitue un « cas » politico-culturel auquel on se réfère constamment. Héros de la nouveauté mais attentif aux valeurs du passé, révolutionnaire enclin à la contradiction, dévoué au classicisme mais prêt à expérimenter de nouveaux langages, se montrant la plupart du temps déconcertant et ne connaissant pas la tempérance, il a abordé dans son oeuvre infinie et protéiforme (roman, poésie, cinéma, théâtre, essai politique) des thèmes généraux et éternels tels que le destin de l'homme, le mythe de la Nature et de l'Histoire, le sens sacré de la vie et de la mort, en en faisant des sujets de confrontation, de défi et souvent de provocation.
C'est la force et l'inépuisable vitalité de sa voix qui sont le thème de Tout sur Pasolini, un ouvrage qui, avec la contribution de 50 essayistes, universitaires et critiques militants italiens et français, présente les oeuvres intégrales de l'auteur, en soulignant leur profondeur et leur extraordinaire actualité. Comme l'écrit Hervé Joubert- Laurencin dans son essai : « Pasolini n'a cessé de mourir dans notre dernier demi-siècle, et pourtant il est né et n'a jamais cessé de vivre depuis un siècle, d'abord de son vivant, puis dans sa postérité ».
Tout sur Pasolini, sous la forme encyclopédique d'un dictionnaire-laboratoire divisé en rubriques alphabétiques pour une consultation aisée et fonctionnelle, réunit l'ensemble de l'oeuvre de Pasolini et une vaste représentation actualisée de la pensée critique du poète-réalisateur. Du « A » d'Accattone au « C » de Censure, du « R » de Religion au « S » de Sartre, nous passons dans ce volume de la fiction à la poésie, du cinéma au théâtre, des célèbres invectives de Pasolini publiées dans le Corriere della Sera à sa fructueuse fréquentation d'autres disciplines (sémiologie, structuralisme, anthropologie) et des arts tels que la peinture, la musique et la danse. Conçu non seulement pour un public de spécialistes, mais aussi en espérant une nouvelle génération de lecteurs, Tout sur Pasolini offre une large sélection de textes qui, tout en préservant l'exhaustivité et la qualité, optent pour un ton lisible et délibérément non académique.
Ce film est considéré comme le film de Noël par excellence, un classique de l'histoire du cinéma qu'on ne peut pas ne pas diffuser et regarder pendant les fêtes, la somme de la poétique sentimentale et de la vision politique de son réalisateur. Et pourtant, la production et le succès critique de La Vie est belle ont connu plusieurs rebondissements au cours des décennies.
Ce livre propose d'analyser le film en le replaçant dans son contexte historique et de réalisation, en faisant ressortir sa force polémique, sa construction dramatique, les aspects inventifs et surprenants de sa mise en scène et de son écriture pour lui restituer cette puissance émotive et artistique qui en font un chef-d'oeuvre capable de résister au passage du temps.
Musidora est considérée comme une des premières vedettes féminines du cinéma français. Sa photographie dédicacée sur la couverture de ce livre, dans le costume moulant de l'héroïne du film à épisodes Les Vampires (1915) de Louis Feuillade, tout droit sortie du cabinet de curiosités d'André Breton, a traversé le temps pour devenir le symbole de la femme fatale.
Mais cette image lascive de Catwoman des années 1910 doit être dépassée. Il importe en effet de découvrir ce que cache cette représentation de sa propre essence d'icône, soit qui fut réellement Musidora, au-delà de la fétichisation du personnage qu'elle incarna.
Telle est l'ambition de ce livre : proposer un éclairage complet et novateur sur cette actrice, réalisatrice, productrice et artiste totale, objet de fantasmes et femme d'avant-garde emblématique de l'émancipation féminine, qui continue à alimenter l'imaginaire collectif. L'ensemble est illustré par une iconographie inédite, permise par l'ouverture exceptionnelle des archives de Musidora.
Après avoir détruit les décors du remake de Gunga Din auquel il participait, l'acteur indien Hrundi V. Bakshi est rayé de la liste des acteurs pouvant jouer à Hollywood. Une erreur de la secrétaire du puissant dirigeant du Studio, Fred Clutterbuck, inverse la situation. Au lieu d'être blacklisté, le nom de Bakshi est ajouté à la liste des invités pour une soirée très chic chez Clutterbuck. Son arrivée dans la maison très moderne du puissant patron hollywoodien engage une mécanique de lente et progressive avancée vers l'explosion symbolique de la soirée et de la maison. La maladresse et la naïveté de Bakshi provoquent d'abord de petits désagréments avant d'engendrer de grandes catastrophes qui effacent littéralement la maison et les invités.Salué comme une grande réussite, le film tient d'abord par son acteur principal Peter Sellers qui campe l'indien Hrundi V. Bakshi. Son sens de l'improvisation accompagne la mise en scène de Blake Edwards qui utilise le décor comme un véritable personnage du film. Mais ce moteur du chef d'oeuvre ne doit pas occulter les autres personnages et les micro-récits dessinés par Edwards : du producteur libidineux Divot aux apprentis acteurs comme Michèle Monet ou Steve Franken, qui interprète Levinson, le serviteur alcoolique. Ce film de 1968 représente une sorte de tournant pour l'histoire culturelle et cinématographique mais aussi pour les deux protagonistes principaux, Peter Sellers et Blake Edwards.
Elio Petri est l'un des réalisateurs italiens les plus importants. Sa notoriété à l'international est liée au succès de « À chacun son dû » (1967), mais surtout à « Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon » (Oscar 1971 pour le Meilleur film étranger) et à « La Classe ouvrière va au Paradis » (Palme d'or au Festival de Cannes 1972). Bien qu'on l'ait toujours rattaché presque exclusivement au cinéma engagé sur le plan politique et civique, sa position dans ce domaine - et même dans la culture de gauche de l'époque - a toujours été plutôt inhabituelle. Entre autres, c'est surtout dans la dernière phase de son travail, entre 1973 et 1982, année de sa mort prématurée à 53 ans, que le réalisateur met continuellement en jeu, film après film, sa vision personnelle du monde, plaçant son propre langage en dehors de toute appartenance à des tournures narratives réalistes. Son cinéma reste certes un cinéma politique, mais à un niveau différent, bien plus élevé et dialectique.Le livre, qui contient deux courts récits du réalisateur, rend compte de l'itinéraire artistique de cet homme fascinant et complexe, athée, communiste, matérialiste, de culture française, sartrien, dans le but de considérer enfin son cinéma pour ce qu'il est réellement, c'est-à-dire une recherche névrotique visant à expérimenter de nouvelles structures narratives, dominée par une pensée hallucinée, un langage violent, coléreux, fébrile comme celui de Céline et, en même temps, anarchique comme celui de Bataille et de Sade, dans une optique grotesque et carnavalesque qui renvoie aussi à Bosch et Rabelais.
Barry Lyndon est l'histoire d'un jeune homme ambitieux et libertin qui parcourt les champs de bataille et les salons de l'Europe du XVIIIe siècle en quête de rédemption sociale. Pourtant, bien qu'il incarne la représentation la plus large et la plus rigoureuse de cette époque jamais réalisée au cinéma, ce long métrage ouvre un chapitre entièrement nouveau dans le genre du film en costumes. Comme le montre clairement la monographie richement documentée de Magnisi, derrière l'exquise beauté formelle de l'½uvre se cache le sang qui coule, les douloureuses déceptions de l'amour, les horreurs de la guerre, le vertige de la perte.
Tout sur Fellini a pour ambition d'être, en cet anniversaire du centenaire de la naissance de celui qui est le réalisateur italien par excellence, la plus vaste et complète publication sur cet artiste et son cinéma. Il ne s'agit pas seulement d'une oeuvre unique en raison de ses dimensions monumentales, mais aussi d'une oeuvre très particulière, à la fois une encyclopédie et ouvrage collectif, extrêmement riche d'informations basiques (utiles pour ceux qui connaissent peu ou rien sur ce sujet) mais aussi d'approfondissements critiques (pour ceux qui sont déjà connaisseurs en la matière et qui voudraient la connaître mieux). Pour résumer, c'est à la fois un ouvrage de référence et de simple lecture, accompagné de centaines de photogrammes extraits directement des films du cinéaste et regroupés en fonction de leur thème.
Trois épisodes, trois scénarios courts de Pier Paolo Pasolini dont deux inédits en France : "Qu'est-ce-que c'est, les nuages ?" et "La Terre vue de la Lune", puis un troisième, "La Ricotta", présentée avec une nouvelle traduction. Le tout accompagné par certaines images originales des scènes dessinées par Pasolini lui-même.
Trois scénarios très différents entre eux, mais tous traversés par une touche surréaliste et humoristique qui les rassemble et qui fait d'eux des véritable petits bijoux littéraires.
Arrivant à la mise en scène après une intense et véhémente activité de critique dans les pages des "Cahiers du Cinéma", François Truffaut réalise en 1959 son premier long métrage : Les 400 Coups. Ce film ouvre la voie au mouvement de la "Nouvelle Vague" et marque la consécration internationale de son auteur.
Tout sur François Truffaut retrace intégralement l'oeuvre du réalisateur à travers la combinaison originale de perspectives offertes par deux auteurs de nationalités différentes. Film par film, le Français Jean Collet et l'Italien Oreste De Fornari reconstituent les thèmes et le style de l'oeuvre de Truffaut, des histoires romanesques d'amour et de mort (Jules et Jim, Les Deux Anglaises, La Femme d'à côté, L'Histoire d'Adèle H.) aux films noirs marbrés de rose (La Mariée était en noir, Vivement dimanche !) ; de l'hommage au métier de cinéaste (La Nuit américaine) au cycle des "Antoine Doinel", alter ego du cinéaste (Les 400 Coups, Baisers volés...). Le commentaire des auteurs est contrebalancé non seulement par les opinions des critiques internationaux exprimées au moment de la sortie en salle, mais aussi par la voix de Truffaut lui-même : ses mots, sélectionnés et recueillis à partir des nombreuses interviews données au fil des ans, éclairent chaque film de sa lumière la plus authentique, révélant ses inspirations et ses intentions d'auteur.
La présentation des films est accompagnée d'une large section de textes d'introduction et de contributions finales (dont un rare article de Truffaut à ses débuts, jusqu'alors jamais publié dans un ouvrage), et est enrichie d'un catalogue iconographique inédit avec des centaines de photogrammes tirés des films.
Pour l'ensemble de ces raisons, le livre de Collet et De Fornari constitue une extraordinaire porte d'entrée sur l'oeuvre du réalisateur français, qui est, encore aujourd'hui, le plus apprécié et le plus étudié au monde.
Pour célébrer l'un des plus talentueux réalisateurs vivants, il était nécessaire de faire appel à un ensemble de 27 chercheuses et chercheurs : une polyphonie d'esprits libres, psychanalystes, historiens, écrivains et, bien sûr, critiques de cinéma. Conçu pour nous faire revivre le plaisir que nous procure l'ensemble de son oeuvre, ce livre propose une analyse à la fois thématique et film par film des 23 longs-métrages et d'une bonne quinzaine de courts. Ainsi voyageons-nous, sous différents regards, dans le style et dans les univers de Roman Polanski, qui lui assurent une place magistrale dans l'histoire du cinéma mondial. Un vaste encart photographique original, composé par Enrico Giacovelli, présente des dessins et des extraits inédits de storyboard, ainsi que des photogrammes tirés de l'ensemble de ses films. Certains comme "Le Locataire", "Chinatown", "Tess" mais surtout "Rosemary's Baby" sont devenus littéralement archétypaux. Comme le dit Malgosia Abramowska, son assistante personnelle depuis "Le Pianiste" interviewée ici par Alexandre Vuillaume-Tylski, « Roman Polanski est un chef d'orchestre qui sait jouer de tous les instruments ». Apparaît alors l'image d'un homme perfectionniste, plein d'humour et d'attention, à mille lieues de l'image sulfureuse que les médias et certains critiques ont forgée depuis des dizaines d'années. Pour Roman Polanski, ainsi que l'écrit ici Michel Ciment, « le prince du Danemark est définitivement Hamlet. Il a sans doute trouvé dans la culture britannique ce dialogue entre tradition et découvertes qui lui est cher ». Un livre hommage qui séduira à la fois les cinéphiles et les étudiants en cinéma.
L'Évangile selon saint Matthieu, le film de Pier Paolo Pasolini le plus apprécié du public et de la critique et ayant eu le plus grand retentissement international, fut paradoxalement le plus "scandaleux" de la filmographie du poète-réalisateur. Le choix de l'intellectuel marxiste le plus célèbre et le plus controversé de faire vivre sur grand écran le plus important texte du Nouveau Testament, dans un pays marqué par de forts conflits idéologiques, fut reçu, selon certains, comme une provocation, une contradiction, voire une trahison de ses racines politiques et de ses idéaux. À sa sortie, néanmoins, L'Évangile selon saint Matthieu fit l'objet d'un consensus quasi unanime et contribua ainsi à entretenir le climat de dialogue et de tolérance instauré par le pape Jean XXIII - auquel l'oeuvre est dédiée - avec le concile Vatican II.
La Ricotta, première oeuvre de Pasolini liée au thème de la religion (épisode du film Ro.Go.Pa.G. de 1963), est la protagoniste du premier chapitre de ce livre.
Ce qui inspira les deux films et leur genèse, l'identification des lieux où ils ont été tournés, le choix audacieux des acteurs, tous non professionnels, les petites histoires et les anecdotes relatives au tournage, et enfin l'accueil de la critique italienne et internationale sont reconstitués et contextualisés dans cette monographie richement documentée qui peut réserver bien des surprises et de nouveaux éléments de connaissance même aux plus fins connaisseurs de la filmographie de Pasolini.
Scorsese est un amoureux du cinéma, mais il n'hésite pas à utiliser des cadrages et des techniques conventionnels. Ces approches rendent ses films fonctionnels, mais ce qui les rend géniaux, c'est quand il va un peu plus loin. Le cinéaste, connu pour laisser un vaste champ libre au jeu d'acteur, démontre dans les scènes importantes une maîtrise totale de son art. Sans aucune intention de copier le maître, ce livre permettra aux apprentis réalisateurs de comprendre à quel point une scène bien jouée implique, en amont, des plans incroyablement bien préparés. L'ouvrage montre comment la concentration de Scorsese sur le cadrage et la direction de l'écran, ainsi que les simples mouvements de caméra, lui permettent de raconter des histoires étonnantes. À la fin du livre, le lecteur sera capables de monter des scènes avec la même profondeur et la même majesté que Scorsese, tout en appliquant ces techniques à son propre style de cinéma.
Dans toute production destinée au grand écran ou à la télévision - court métrage, film ou série télévisée - les images doivent soutenir la narration, en présentant des décors cohérents, en accompagnant les rebondissements de l'intrigue et en soulignant les caractéristiques des personnages. En d'autres termes, elles doivent raconter visuellement l'histoire, c'est-à-dire construire un visual storytelling efficace. L'ouvrage innovant de Jane Barnwell, dont ce livre est le premier tome (voir le Plan de l'ouvrage), décrit le travail du chef décorateur comme celui d'un professionnel qui non seulement conçoit les scènes mais plus généralement développe la concept global de la production, en étudiant et décomposant le scénario, en convenant du concept visuel avec le réalisateur et le directeur de la photographie et en supervisant les autres membres du département créatif (directeur artistique, maquilleurs, costumiers, architectes de plateau, etc.) Pour illustrer son propos, l'auteur a recours à l'analyse de cinq catégories spécifiques :
1. L'espace - 2. Intérieur et extérieur : limites et transitions - 3. La lumière - 4. La couleur - 5. La décoration du plateau, et examine chacune d'elles à l'aide d'un support iconographique dense, comprenant photos, dessins et croquis de préproduction, instantanés du plateau et des coulisses.
Des entretiens exclusifs avec des chefs décorateurs de renommée internationale permettent d'approfondir non seulement la théorie de la scénographie mais aussi la pratique quotidienne sur les plateaux (lieux de tournage réels ou studios), avec des exemples tirés de productions importantes telles que Tarzan et Minority Report, en plus de dizaines d'autres oeuvres cinématographiques examinées tout au long du livre. Enfin, chaque chapitre se conclut par des exercices spécifiques qui accompagnent le lecteur tout au long du processus de création.
Enrichissant pour les passionnés de cinéma, ce manuel se révélera même indispensable pour les étudiants, les réalisateurs, les chefs décorateurs et autres "créateurs" de l'image en mouvement.
Du point de vue du visual storytelling un film est surtout un récit par images dont les éléments visuels doivent séduire le spectateur.
L'ouvrage, qui est divisé en deux volumes, est pensé pour les réalisateurs et les chefs décorateurs, mais aussi pour les décorateurs débutants.
Dans cette ½uvre sans précédent, Jane Branwell propose une nouvelle méthode pour mieux utiliser tous les éléments visuels d'un film et raconter une histoire à travers les images. Dans le deuxième volume, elle analyse la lumière, la couleur et le décor. Chaque chapitre présente aussi un entretien avec un illustre chef décorateur, une riche galerie d'images, les brouillons des décors des films réalisés par la préproduction, les photos du backstage des différents ateliers créatifs ainsi que des exercices pour la mise en pratique.
"Faire des films, c'est aussi replonger par ses plus profondes racines jusque dans le monde de l'enfance..." : Bergman a souvent évoqué le monde de l'enfance mais toujours en tant qu'accès privilégié à la dimension de l'imaginaire, donc de la matière sauvage et irrationnelle des rêves, où se dissimulent les pulsions les plus secrètes et révélatrices du Moi. La force prodigieuse des créations visuelles et narratives du réalisateur suédois - le chevalier médiéval qui joue aux échecs avec la Mort ; un vieil homme et les fantômes de son enfance ; la dangereuse confrontation entre les identités de deux femmes ; un enfant qui lutte contre le Mal incarné par un évêque - dérive aussi du fait qu'elles s'insèrent dans un imaginaire riche d'une tradition littéraire et figurative qui s'étend jusqu'au vingtième siècle, puisant notamment sa source chez Strindberg et Ibsen. Depuis la fin des années 1930 jusqu'à sa mort, en 2007, Ingmar Bergman a été l'auteur d'une oeuvre immense qui s'est exprimée dans les mises en scène théâtrales, dans l'écriture dramaturgique et narrative mais surtout dans le cinéma avec la réalisation de presque 70 films qui lui offrirent une renommée internationale.
Dans ce livre, une sorte de guide analytique et historique du cinéma bergmanien, accompagné d'un important contenu iconographique basé presque exclusivement sur des photogrammes extraits des films de Bergman et choisis en rapport étroit avec le texte, sont examinées une à une toutes les oeuvres cinématographiques du maître suédois ; de Crise (1946) à Sarabande (2003), en passant par les classiques des années 1950 (Le Septième Sceau, Les Fraises sauvages), les films "de chambre" des années 1960 (Persona, L'Heure du loup), jusqu'à l'onirique Cris et Chuchotements, au film-fieuve Scènes de la vie conjugale et au magnifique film qui résume son oeuvre, Fanny et Alexandre. L'analyse de chaque film prend en compte sa matrice, son histoire entre vicissitudes et manipulations de la censure, son originalité et son autonomie tout comme ses connexions avec l'oeuvre complète du réalisateur. Et pour la première fois sont également traités, de manière exhaustive, ses films produits pour la télévision entre 1957 et 2000, qui restent "cinématographiques" à tous les effets.
Spielberg est capable d'impliquer émotionnellement le public, qu'il soit en train de tourner l'aventure vécue par un groupe de jeunes gens, une poursuite dramatique ou la plus sombre des scènes de guerre. Le réalisateur utilise toujours une série de techniques qui rendent le cadrage parfaitement clair et fait naître des émotions intenses chez le spectateur. Ce volume révèle les secrets des techniques fondamentales utilisées par Spielberg et montre comment, avec quelques mouvements de la caméra et des positions bien définies, un film peut résulter empreint d'étonnement, de frissons et d'émotion.
Le Dracula philologique qui, en 1992, a remis au goût du jour le mythe désormais exsangue des vampires, est une fresque baroque et fabuleuse, plus encore que les autres Dracula apparus sur grand écran. Mais malgré tout le sang qui y coule et qui poussa un certain nombre de spectateurs, durant les premières projections, à abandonner la salle, il ne s'agit pas d'un film d'horreur à proprement parler, mais plutôt d'une histoire d'amour fin de siècle. Et il représente, dans la vision de Coppola, le cinéma même, nocturne par vocation et physiologie, comme les vampires. Le réalisateur respecte le texte d'origine de Bram Stoker dans de nombreux détails même minimes, mais le renverse dans l'essentiel : en transformant la défense de la respectabilité et de la normalité victorienne en une exaltation romantique des transgressions, à commencer par la plus grande de toutes qui est l'amour. La véritable protagoniste de ce film à 40 millions de dollars, fortement voulu par l'actrice principale Winona Ryder, c'est elle, Mina ; et ce n'est pas un hasard si, dans ce livre, c'est une femme qui nous accompagne à l'intérieur du film pour partir à la découverte - ou à la redécouverte - de ses frissons, de ses terreurs et de ses charmes.
Quatrième incursion dans le polar urbain pour William Friedkin, le film néo-noir Police Fédérale, Los Angeles a été considéré, dès sa distribution, comme "un précurseur de l'avant-garde pop, capable de dialoguer avec l'audiovisuel le plus raffiné de son époque, tant du point de vue des contenus que des images. Un noir trop intellectuel pour obtenir l'approbation de tous, à laquelle devait aspirer une forme d'art mineure par définition comme le cinéma de genre". Adaptation cinématographique du roman de l'ancien membre des services de renseignement américains Petievich, Police Fédérale, Los Angeles est devenu au fil des années un film culte, étant donné que par la suite tous les films policiers, produits par le cinéma américain, auront une dette considérable envers ce film, surtout sur le plan expressif avec les morceaux pop rock exécutés par le groupe Wang Chung dans la bande- son, les scènes d'action remplies d'adrénaline et la variété chromatique de la photographie de Robby Müller.
Avec Police Fédérale, Los Angeles Friedkin tend une nouvelle fois à s'imposer comme un réalisateur à part dans le cinéma américain, parce que dans sa poétique le film policier a toujours servi à définir l'ambiguïté et la frontière floue entre le Bien et le Mal.
40 ans après les faits, Louis Malle peut enfin raconter son histoire...
Récit d'une amitié entre deux jeunes garçons à l'hiver 1944, un bourgeois et un Juif caché dans un pensionnat catholique. Au revoir les enfants est tiré d'une histoire vraie, mais n'est pas pour autant le récit exact de la relation liant le réalisateur à Hans-Helmut Michel (le Jean Bonnet du film).
La force du film est de reléguer la 2nde Guerre mondiale à l'arrière-plan pour être d'abord un grand film sur l'enfance. Or, la menace demeure : la découverte de la véritable identité de Bonnet, la présence des collaborateurs français et des soldats allemands. Jusqu'à la scène finale de dénonciation où le Père Jean est arrêté par la Gestapo avec les trois élèves juifs qu'il avait cachés. C'est alors que prend tout son sens le titre du film.
Ce livre analyse de manière inédite les rapports de Louis Malle avec ses souvenirs et les faits tels qu'ils se sont déroulés. Il lui aura fallu plus de 40 ans pour pouvoir se confronter à cet épisode traumatique et fondateur de son enfance.
La sortie des «Enfants du paradis» est volontairement retardée jusqu'à la Libération afin d'être proposée au public dans une France délivrée qui le recevra avec ferveur. Ce long métrage en deux épisodes («Le boulevard du crime» et «L'homme blanc») donne à voir les coulisses du théâtre et est dédié au peuple modeste qui va se percher tout en haut, aux places les moins chères, dans le poulailler... le paradis!
Le sujet principal est l'amour contrarié: celui de Garance (Arletty), une foraine qui aime tout le monde, éprise de liberté, qui clame «je suis comme je suis» et qui affirme «c'est si simple l'amour». Elle catalyse l'amour protéiforme de quatre protagonistes. Celui de Baptiste Debureau (Jean-Louis Barrault) - célèbre mime qui jouait au théâtre des Funambules - est ardent, passionné, silencieux et rêveur. L'amour de Frédéric Lemaître (Pierre Brasseur) - figure parlante opposée au mime et grand acteur de l'époque - est sensuel, pragmatique et fait de paroles. Celui de Lacenaire (Marcel Herrand) - le poète-assassin - est plus cérébral. Quant à l'amour du Comte Édouard de Montray (Louis Salou), il est corrompu et vénal. Un seul est vrai et réciproque : celui de Garance et de Baptiste...
"Le labyrinthe tortueux, changeant, fluide des souvenirs, des rêves, des sensations, un enchevêtrement inextricable de quotidien, de mémoire, d'imagination, de sentiments, de faits qui ont eu lieu il y a longtemps et qui vivent avec ceux qui ont lieu à présent, qui se confondent entre nostalgie et pressentiment, le temps qui s'arrête, magmatique, et tu ne sais plus qui tu es, ou qui tu étais, et où va ta vie, qui semble n'être qu'un long demi-sommeil sans aucun sens." (Federico Fellini) 8 1/2 : derrière un titre mystérieux se cache le film dans lequel Fellini a mis à nu avec une sincérité criante sa propre crise de la quarantaine en tant qu'homme et artiste. Il s'agit d'un autoportrait à la fois fidèle et imaginaire, effronté et ironique, qui pénètre dans la dimension onirique, visionnaire et réelle du "temps intérieur".
Ce livre évoque le chemin créatif complexe qui a poussé Fellini à penser, préparer et tourner le film dans le plus grand secret. Chaque séquence de 8 1/2 fait aussi l'objet d'une analyse soignée qui tente de déchiffrer tes formes de l'originalité narrative et esthétique extraordinaire d'un chef-d'oeuvre légendaire.
« Hiroshima mon amour» est avant tout un scénario de film, auquel Alain Resnais a donné vie en 1959. Ce dernier, ne réussissant pas à trouver un récit plausible tournant autour de la catastrophe d'Hiroshima, fit appel à Marguerite Duras. Il en résultera une histoire d'amour que vont vivre en août 1957 une jeune actrice française et un architecte japonais, qui se rencontrent pour les besoins du tournage d'un film sur Hiroshima et les dégâts qu'ont engendré les explosions de la bombe nucléaire. René Prédal revient, scène par scène, sur ce chef-d'oeuvre qui retrace, au fil de leur relation, de l'évocation des dégâts vécus par le Japonais vers le calvaire infligé à la Française lors de la Libération, puisqu'elle s'est éprise d'un soldat allemand. Tondue, rejetée, elle devra fuir sa famille et sa ville pour se fondre dans l'anonymat de Paris. La redécouverte de l'amour avec ce presqu'inconnu s'inscrit alors dans une volonté de faire table rase du passé, passé qui ne parvient jamais à disparaître complètement.