Si Shakespeare continue d'exister pour la majorité du public, c'est surtout de manière fragmentée ou quasi spectrale dans les films, les jeux vidéo, les dessins animés, les séries télévisées et les créations des fans sur Internet. Cet ouvrage n'entend pas seulement étudier les adaptations cinématographiques classiques, mais partir aussi de fictions audiovisuelles a priori non shakespeariennes et analyser ce que les motifs shakespeariens font aux productions filmiques. Shakespeare n'est plus seulement adapté à l'écran, il s'immisce dans un nombre considérable de productions, là où on ne l'attend pas ou plus. Au-delà de « Shakespeare à l'écran », émerge la notion d'écran shakespearien. Grâce aux films, aux séries et aux vidéos sur YouTube, l'auteur d'Hamlet reste pertinent sur le plan culturel et touche de nouveaux publics, que ce soit à travers des adaptations, des citations ou bien des reprises plus ou moins diffuses du modèle narratif et réflexif du dramaturge. En retour, les productions audiovisuelles ont convoqué les mots et intrigues du dramaturge pour bénéficier de son aura et de son prestige, transformant sans cesse ce que l'on entend par « Shakespeare ». Il s'agira ainsi de cheminer dans le « devenir-audiovisuel » des pièces, ainsi que dans le « devenir-shakespearien » des écrans.
Cet ouvrage n'est ni un guide ni un dictionnaire de films de zombies. Il se propose plutôt de songer le cinéma par le prisme de ces ombres étranges qui n'ont de cesse de revenir s'entasser dans le champ, de suite en suite, de saga en saga. Le mort-vivant pourrait être considéré comme un chaînon cinématographique manquant, des funambules catastrophistes du burlesque aux losers du film noir ; des héros démotivés du Nouvel Hollywood aux personnages sans repères du cinéma contemporain non horrifique. Ce maillon en état de putréfaction plus ou moins avancé est moralement insituable : ni bienveillants, ni réellement malfaisants, ces cadavres errants traversent le cadre et, par leur manque de volonté, mettent les récits en faille. Ces corps contradictoires se comprennent comme des fissures et leur apparente neutralité accompagne le déclin des idéologies, notamment hollywoodiennes. Organisme essentiellement pluriel, les zombies font masse dans tous les sens du terme. Par leur ordinarité, leur banalité funèbre - de simples « voisins morts » pour reprendre les termes de George Romero -, ils imposent de mettre à mort le premier plan, c'est-à-dire le star-system et les croyances qui l'accompagnent. N'importe qui peut jouer un mort-vivant ; plus encore, ce dernier doit être n'importe qui. C'est la mise en avant de l'arrière-plan qui se manifeste ici, comme un horizon funeste dévorant les hiérarchies.
Jean-Michel Durafour est agrégé de philosophie et professeur en cinéma l'université d'Aix-Marseille (AMU). Il a publié de nombreux articles ainsi que plusieurs ouvrages dont Jean-François Lyotard : questions au cinéma. Ce que le cinéma se figure (PUF, 2009) et Brian De Palma. Épanchements : sang, perception théorie (L'Harmattan, 2013), Cinéma et cristaux. Traité d'éconologie (Editions Mimésis, 2018). Aux éditions Rouge Profond, Nous resterons, pour vivre et mourir, avec les loups-garous complète une trilogie sur les « figures fantastiques » du cinéma, entamée avec L'Homme invisible de James Whale. Soties pour une terreur figurative (2015) et poursuivie avec L'Étrange Créature du lac noir de Jack Arnold. Aubades pour une zoologie des images (2017).
Emmanuelle André est professeure à l'université Paris Cité où elle enseigne l'esthétique du cinéma et l'histoire des formes. Parmi ses derniers ouvrages parus, L'oeil détourné. Mains et imaginaires tactiles au cinéma (De l'incidence, 2020) et L'Attrait de la Lune (Yellow Now, 2020). Ajouter au panierInsectes, cinéma - le visible qui palpite 2022
Sorti en janvier 1997, Lost Highway constitue le chef-d'oeuvre noir de David Lynch. L'ouvrage fête les 25 ans du film dans une version refondue, en partie inédite d'un livre paru en 2004.
Lost Highway a tout d'un film purgatoire. Purgatoire pour les personnages égarés qui n'arrêtent pas de passer les frontières de mondes incompatibles. Purgatoire pour les corps en souffrance, vulnérables. Purgatoire pour la raison, confrontée à une histoire illogique, régie par les fantasmes et les pulsions noires. Purgatoire pour le spectateur embarqué dans une traversée audiovisuelle violemment intense. Purgatoire, enfin, pour le cinéaste qui atteint là une forme de pureté artistique. Bréviaire vertigineux de la perception, le film plonge dans l'intimité de l'image pour amener la sensibilité à s'ouvrir.
De 1962 à 1973, Midi-Minuit Fantastique s'impose comme une publication ludique et exigeante, foisonnante et avant-gardiste. En un mot : culte. Le ton est libertaire, les racines populaires, l'inspiration surréaliste. L'iconographie de sexe et de sang, éminemment évocatrice. Ce quatrième et ultime volume regroupe les huit derniers numéros, depuis le 18/19, en 1967, jusqu'au légendaire 25/26, jamais paru. Outre des entretiens fleuves (Michael Powell, Seijun Suzuki, Koji Wakamatsu, Roman Polanski, Terence Fisher), des études littéraires majeures (Gaston Leroux, Tarzan, la collection « Angoisse »), des focus sur la SF, le fantastique japonais, la Hammer, des photos et des textes inédits, et le DVD Les Frissons de Midi-Minuit - sélection de sept courts métrages introuvables et de documentaires.
Cinéaste singulier, Mario Soldati signe au début des années 1940 deux chefs-d'oeuvre, Le Mariage de minuit et Malombra. Après la guerre, Les Ennuis de monsieur Travet, Eugénie Grandet ou Fuite en France confirment son talent. Contribuant aux genres populaires, des films burlesques (Je suis de la revue) aux films de cape et d'épée (Fra Diavolo, L'Héritier de Zorro), de corsaires (La Fille du corsaire noir), et mélodrame (La Fille du fleuve avec Sophia Loren), il dirige Gina Lollobrigida dans La Marchande d'amour ou Alida Valli dans Rapt à Venise. Outre l'évocation de la carrière de l'écrivain et celle de critique cinématographique pour L'Europeo, le livre s'enrichit d'un long entretien enregistré entre 1976 et 1979, l'occasion d'entrer dans l'intimité d'un créateur curieux et inventif.
Les huit contributeurs de ce volume rendent compte de la richesse et de la profondeur du cinéma du maestro de l'épouvante. Bianca Concolino insiste sur les liens qu'entretient Argento avec certains écrits ; Alice Laguarda s'attarde sur les spécificités du giallo au sein de sa production ; Cécile Carayol se penche sur l'intense matière musicale de ses films ; Frédéric Astruc met en exergue les rapports qu'Argento entretient avec Freud ;
Nathan Réra relève les nombreuses connexions artistiques établies par le maestro dans ses oeuvres ; Denis Mellier dresse le bilan de la dernière période de création d'Argento ;
Jean-Michel Durafour enquête sur la présence des insectes dans ses films ; quant à Guy Astic, il s'attache à la dimension fantomale de son cinéma. Le tout est richement illustré.
Ecrivain (une quinzaine d'ouvrages, dont Mercure Insolent chez Rouge Profond) et musicien (rocker guérillero), F.J. Ossang occupe une place singulière dans le cinéma contemporain. Derrière la caméra ou sur scène, il oeuvre à la subversion artistique qui a pour fonction d'« interpréter le monde le plus complètement possible ». Avec M.K.B. Fraction Provisoire, il a inventé un genre musical baptisé noise & roll, entre énergie punk et bruitisme industriel qu'on retrouve sur la bande sonore de ses films. Logiquement le poète guerrier s'attaque au cinéma, à la pellicule argentique et au noir&blanc dont il est un fervent adepte. Il a réalisé, entre autres, Le Trésor des Îles Chiennes, Docteur Chance, Dharma Guns et 9 Doigts qui a reçu le Léopard d'Argent au Festival de Locarno en 2017.
Les séries télévisées sont-elles devenues le nouveau site du rêve ? Ont-elles remplacé le cinéma comme « usine à rêves » ? Sur les forums Internet, on débat des épisodes qui mettent en scène les « meilleurs » rêves, comme si la télévision avait surpassé le cinéma dans sa capacité à figurer l'expérience onirique. Que ce soit dans une série de gangsters comme Les Soprano, une série de science-fiction comme Battlestar Galactica, une série de vampires comme Buffy ou des séries policières comme Twin Peaks, Awake et Hannibal, sans compter LOST et Six Feet Under, le rêve est le ressort narratif par lequel la fiction se déploie, se ressource et se remet en question. Cet ouvrage, abondamment illustré, se propose d'explorer l'interaction entre le rêve et les séries américaines contemporaines.
Au cours des trente dernières années, Hayao Miyazaki aura progressivement donné à l'animation japonaise un retentissement mondial, autant par ses propres oeuvres (Porco Rosso, Mon voisin Totoro, Princesse Mononoké, Le Voyage de Chihiro...) qu'à la tête du studio Ghibli, qu'il aura contribué à fonder, fort aujourd'hui d'une réputation incontournable.
C'est au gré du vent, qui parcourt son oeuvre depuis son premier film (Nausicäa de la Vallée du vent) jusqu'au dernier en date (Le vent se lève), que ce livre vagabonde parmi les thèmes du cinéaste, attentif surtout à ce qui fait la force de ses personnages. Toujours soucieux de commenter le réel par le biais du merveilleux le plus débridé, Miyazaki n'aura cessé en quelque sorte de l'augmenter, programme qui devrait être celui de toute oeuvre d'art.
Mai 1962. Les kiosques à journaux affichent la photo saisissante d'un loup-garou aux prises avec une voluptueuse jeune femme. En lettres noires et rouge sang brille pour la première fois un nom appelé à la postérité : Midi-Minuit Fantastique. Tout au long des années 1960, ces trois mots magiques résonnent comme la plus intense des promesses... Après deux volumes regroupant les numéros 1 à 11, salués par toute la presse comme une réalisation éditoriale majeure, voici venir le volume 3 de cette intégrale fantastique, préfacé par Edith Scob, réunissant les numéros 12 à 17. Il comporte aussi un DVD proposant plusieurs courts métrages, surtout l'indédit Dracula de Jean Boulet et Druillet.
Manière de fêter comme il se doit la renaissance d'une revue devenue littéralement mythique.
Manifeste, journal, méditation enragée, Mercure insolent mêle les deux passions de F.J. Ossang : l'écriture et le cinéma. A quoi bon les cinéastes ? demande l'écrivain cinéaste. Les films semblent aujourd'hui refuser toute dissemblance, toute singularité.
L'industrie aura beau faire, il y aura toujours une voix pour nous renvoyer à ce paradoxe d'une nécessité libre, et ouvrir une brèche pour que s'y engouffre notre regard, loin de l'utile, de l'agréable, où il pourra se laisser happer par un paysage solaire ou un visage qui rayonne d'une lumière inexplicable. Pour Nicole Brenez, « si la poésie consume le langage au feu d'une nécessité vitale, chaque phrase de F.J. Ossang embrase une torche qu'attise chaque intervalle. déborde d'une énergie inouïe. »
2019 : les éditions Rouge Profond fêtent leurs 20 ans de parutions, et le 100e livre publié. Essentiellement des ouvrages sur le cinéma, dont la plupart sont devenus des textes de référence. Le soin apporté aux images et la qualité de la mise en page ont été souvent salués. Pour la publication du centième livre, c'est tout naturellement que Guy Astic, directeur des éditions, a demandé à cent contributeurs et contributrices (auteur.e.s de livres chez Rouge Profond, proches et ami.e.s) un texte d'une page sur le plan de cinéma de leur choix - reproduit en un, deux ou trois photogrammes. Les textes sont variés, allant de l'analyse filmique au poème, en passant par le fragment, la lettre, la citation... L'ensemble compose une anthologie d'exception voué à la richesse des cinémas du monde.
Paru en 1978 chez Henri Veyrier, Le Masochisme au cinéma a été interdit à sa sortie : affichage (aucune librairie n'a pu le mettre en rayon), publicité, vente aux mineurs. Ce qui déclencha une campagne de presse en sa faveur : Libération, Le Nouvel Observateur, Le Canard Enchaîné, Le Matin de Paris, etc. Il faudra attendre le 21 mars 1982 pour que Jack Lang, nouveau ministre de la Culture, lève les interdictions.
L'essai, réédité en 1990, deviendra culte au fil des ans. Comme l'écrivait à l'époque Freddy Buache, alors directeur de la Cinémathèque suisse : "Jean Streff jette sur les films un éclairage insolite et nous les fait voir autrement, au gré d'une inattendue hiérarchisation qui grossit le contenu au détriment des valeurs esthétiques admises. Dérangeante façon de relancer la réflexion sur le cinéma, sur nous-mêmes, et de rendre la vie à des créations figées depuis longtemps dans l'académisme critique." L'idée du livre est de mettre en lumière à travers des films, séquences de films ou personnages de films, les principales manifestations de la tendance masochiste.
Cela va de Luis Bunuel à Federico Fellini, de Joseph Losey à Tod Browning, de John Huston à Marco Ferreri, en passant par Laurel et Hardy, le cinéma fantastique, les péplums ou encore le masochisme affiché de certaines stars hollywoodiennes : Marlon Brando, Burt Lancaster, Clint Eastwood... Il ne s'agissait donc aucunement de pornographie, mais le masochisme, que l'on nomme aujourd'hui BDSM, était en lui-même considéré comme pornographique.
Ce qui, dès le titre, entraîna les foudres de la censure. Jean Streff aurait pu, depuis 1978, faire entrer bien d'autres films sous cet "éclairage insolite", à l'instar de ceux qu'il évoque dans la "mise au point" inédite qu'il livre ici, mais son but n'a jamais été de dresser une liste exhaustive de films abordant d'une manière ou d'une autre le sujet. Voilà donc le texte tel qu'il est paru à l'époque, enrichi d'une préface aiguisée de François Angelier.
Ainsi que l'écrivait le bulletin du Centre National du Cinéma : "C'est un ouvrage de philosophie du comportement. Il n'est pas nécessaire de s'intéresser à ce sujet en particulier pour le lire. Il ouvre trop d'horizons pour rester un texte spécialisé." Voyons ce qu'il en est de nos jours.
Voilà un état des lieux de la carrière japonaise de Sono Sion qui compte plus de quarante films réalisés.
Alternant entretiens et analyses, Constant Voisin cerne de près le parcours personnel, les intentions et la fabrique transartistique d'un cinéaste né en 1961 à Aichi et entré de façon fracassante sur la scène internationale avec Suicide Club en 2001. Se lisant tel un roman dont le héros est un artiste subversif malmenant les tabous et obligations sociales du Japon, le livre offre une fresque dans laquelle le réalisateur poète nous conte son histoire hors normes mais aussi celle d'un pays dont il finit par chercher désespérément la sortie. Sono Sion revient notamment sur la violence sociale, les dysfonctionnements de la famille, les perversions sexuelles et déviances en tous genres.
Possession (1981) d'Andrzej Zulawski est un film tentaculaire et sans cesse régénéré, traversé par une actrice (Isabelle Adjani) en transe. L'ouvrage que lui consacre Jérôme d'Estais approche le mystère d'une oeuvre abstraite et physique devenue culte, en commençant par investir les lieux où elle vit le jour, à Berlin, en pénétrant dans son cosmos, gorgé de sens et de signes. Mais tout comme aucune vision ne l'a jamais asséché, aucune interprétation n'enlèvera jamais au film ni sa force, ni son mystère. Conscient qu'il a été pour son réalisateur son double autant qu'une exorcisation mise en images, cet essai est une tentative de dompter ce monstre magnifique devenu le nôtre, avec des images d'une intensité telle qu'elles continuent à bousculer notre théâtre intérieur.
Il est le réalisateur de succès critiques et publics comme À la poursuite du diamant vert, Retour vers le futur, Qui veut la peau de Roger Rabbit ?, Contact et Forrest Gump. Mais Robert Zemeckis est aussi l'un des pionniers de la 3D numérique (avec Le Pôle Express), aventure technologique poursuivie avec La Légende de Beowulf et Le Drôle de Noël de Scrooge (Jim Carrey en performance capture). Le livre dresse le portrait d'un créateur déterminé et avant-gardiste, qui a tenté d'évoluer vers de l'image libérée des contraintes matérielles, relevant de l'esprit, distincte de la réalité du monde, abordant sa propre ontologie... Par définition, de l'image spirituelle. Richement illustré, l'ouvrage revient sur la carrière et l'esthétique d'un scénariste-réalisateur passionnant et toujours intense.
L'intérêt des « Elvis movies », 31 films entre 1956 et 1969, réside dans la cinégénie du chanteur : il capte la lumière, incarne quelque chose d'impalpable, une énergie particulière. L'Elvisploitation relie la fin d'un âge d'or, où trônaient les deux héros d'Elvis, Marlon Brando et James Dean, à l'apparition du Nouvel Hollywood dans lequel il n'aura plus sa place. Le King passe à l'écran du statut de rocker à celui de crooner, de la figure du rebelle sans cause mais plein de panache à celui d'une star de pacotille et rassurante. Loving You, Jailhouse Rock, King Creole à Wild in the Country, Easy Come Easy Go, en passant par Roustabout et Frankie & Johnny, la filmographie d'Elvis recèle son lot de curiosités et de hasards plus ou moins heureux, de dérapages drôles ou intrigants.
Ce beau-livre très illustré célèbre le rapport entre cinéphilie, mémoire et objets, tout en questionnant la tradition onirique au cinéma. Attiré par les mondes parallèles, les formes insolites et les trips hallucinés, Potemkine a développé depuis la parution de son premier DVD, Requiem pour un massacre en 2007, une approche visionnaire du médium en faisant cohabiter dans son catalogue des réalisateurs aussi marquants qu'Andreï Tarkovski, Nicolas Roeg, Lars Von Trier ou Werner Herzog. Enquête sociologique, essai théorique, objet poétique, ce volume rassemble autant les propos d'acteurs de l'édition indépendante en France que la pensée de cinéastes qui ont marqué l'histoire (Harmony Korine, David Lynch, Lucile Hadzihalilovic, Yann Gonzalez, Hicham Lasri, Bertrand Mandico, Gaspar Noé, etc.).
Voici la traduction française de Paura (2014), où Dario Argento, maître de l'horreur transalpine, se raconte ! Une autobiographie superbement écrite, qui se lit comme un roman. Le cinéaste revient sur sa vie privée, sa rencontre avec un fantôme, ses parcours artistiques, ses débuts dans la critique de cinéma, ses rapports avec Sergio Leone, Bertolucci, ses préférences pour Lang, Hitchcock, La Nouvelle Vague. Surtout, il détaille sa plongée dans le cinéma de genre, notamment le giallo, dont il a renouvelé et intensifié les codes avec L 'Oiseau au plumage de cristal (1969), Les Frissons de l'angoisse (Profondo Rosso, 1975) et Suspiria (1977)... Le livre nous ouvre grandes les portes de l'atelier du maestro de la peur et nous fait accéder aux secrets les mieux gardés de son oeuvre.
Une étude consacrée aux oeuvres, des plus sublimes aux plus abjectes, et aux créateurs qui se sont dédiés à l'horreur, que ce soit dans la littérature, au cinéma, en peinture ou à la télévision.
Outrages (1990) est l'un des films les plus personnels de Brian De Palma, dont il a caressé le projet pendant vingt ans avant de réussir à lui donner forme. Le long métrage narre l'enlèvement, le viol puis le meurtre d'une jeune paysanne par une escouade de soldats durant la guerre du Vietnam, et les efforts d'un militaire, qui a refusé de participer au crime, pour faire condamner les coupables. Mais avant d'être l'un des films majeurs sur le sujet, Casualties of War est l'enquête d'un très grand reporter étasunien : Daniel Lang. Le livre de Nathan Réra revient sur la genèse et la fabrique du film, mène une enquête approfondie à partir d'archives inédites et de nombreux entretiens. Cela aboutit à un passionnant livre-dossier sur un film brûlot, toujours ardent trente après sa sortie.