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Hermann
23 produits trouvés
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Du parti pris des lieux dans le cinéma contemporain : Akerman, Alonso, Costa, Dumont, Huillet & Straub, Mograbi, Tarr...
Corinne Maury
- Hermann
- 21 Mars 2018
- 9782705695293
Que peut le lieu au cinéma, lorsqu'il n'est pas limité à être le décor de l'action, ni même confondu avec le paysage, encore moins réduit à un espace à parcourir ou encore amalgamé à une espèce de neutralité territoriale ? Des cinéastes tels que Chantal Akerman, Lisandro Alonso, Pedro Costa, Bruno Dumont, Béla Tarr, Avi Mograbi, Tariq Teguia, Philippe Grandrieux, Danièle Huillet & Jean-Marie Straub ou encore Sharunas Bartas choisissent de ne pas (con)centrer exclusivement la narration cinématographique sur la seule trajectoire des personnages. Les lieux qu'ils figurent à l'écran sont des spatialités telluriques, des territoires d'habitation, des matrices existentielles où se mobilisent des manières de faire et de vivre, où s'accomplissent tant des forces d'émancipation que des adynamies existentielles. Cellule d'accueil, pivot remarquable, refuge de trajectoires individuelles et communautaires, le lieu au cinéma rayonne tantôt comme un chantier précaire, tantôt comme une fortification inébranlable.
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Archaïsme et impureté : les écarts de Pasolini, Paradjanov et Oliveira
Alice Letoulat
- Hermann
- L'esprit Du Cinema
- 23 Février 2022
- 9791037006509
Cet ouvrage a pour ambition d'analyser la posture esthétique marginale qu'adoptent trois cinéastes rarement étudiés conjointement, l'Italien Pier Paolo Pasolini (1922-1975), le soviétique Sergueï Paradjanov (1924-1990) et le Portugais Manoel de Oliveira (1908-2015). Chez eux, les gestes filmiques marquent une volonté d'échapper aux limites encadrant conventionnellement le cinéma et les thématiques qu'il aborde. Ainsi, ces films à l'ambivalence revendiquée se situent à l'écart des formes dominantes et ouvrent une voie détournée privilégiant les choix archaïsants et impurs. Ceux-ci témoignent d'un ethos cinématographique dont on étudie la portée tant esthétique que politique.
Trois gestes constitutifs de ce décalage sont identifiés. Tout d'abord, l'acte de fonder se manifeste dans les images filmiques par de nombreux motifs archéologiques ; la quête d'origines garantit la constitution d'un monde à habiter et dans lequel circuler. C'est ce deuxième geste de circulation qui occupe la suite de l'analyse : les films étudiés mettent en jeu d'importants réseaux d'emprunt et de redistribution qui montrent combien l'enracinement originel ne s'accompagne pas nécessairement de l'érection de délimitations rigides, pensées au contraire ici comme poreuses. Ce choix répété du débordement constitue ainsi la troisième et dernière partie de cet ouvrage : dans ces films, la spécificité cinématographique ainsi que les corps et jusqu'aux temps eux-mêmes débordent leur cadrage conventionnel. -
Wang Bing. L'acte infini d'image : Anthropologie d'un art post-documentaire
Julie Savelli
- Hermann
- Recherche&creation
- 28 Février 2024
- 9791037031556
Depuis près de vingt ans, l'artiste chinois Wang Bing témoigne d'une oeuvre rhizomatique (processualité, variabilité, performativité) située à l'intersection du cinéma et de l'art contemporain. Pour saisir la singularité de sa production (film, installation, oeuvre vidéo), l'auteure s'attache à éclairer la conduite de création de Wang Bing dans une démarche poïétique et anthropologique qui prend acte du tournant artistique de la création documentaire. Les pratiques du XXIe siècle connaissent en effet un élan qui se manifeste par une hybridation et un élargissement, mais aussi par un regain d'engagement qui érige l'artiste en sujet historique et politique. Dans cet essai, il s'agit donc d'envisager en quoi les modes d'existences résultant de ce terrain socio-génétique sont constitutifs de l'acte d'image « post-documentaire » de Wang Bing.
À propos de : Fengming, chronique d'une femme chinoise, Brutality Factory, L'Homme sans nom, Le Fossé, Traces, Les Âmes mortes, Madame Fang, Crude Oil, Père et Fils, 15 Hours, Beauty Lives in Freedom, Man in Black et Jeunesse (Le printemps). -
Imaginaires du déjà-vu ; Resnais, Rivette, Lynch et les autres
Diane Arnaud
- Hermann
- 16 Janvier 2017
- 9782705693190
Au cinéma, l'art du déjà-vu crée des effets de remémoration et de reconnaissance encore plus troublants que dans nos vies. Vertigo d'Alfred Hitchcock et La Jetée de Chris Marker ont montré la voie : ressusciter une histoire d'amour, revoir une scène marquante. Les films mystérieux d'Alain Resnais, de Jacques Rivette, de David Lynch sont au coeur du livre, car ils confrontent avec une ingéniosité inouïe la compulsion de répétition au désir de recréation. De L'Année dernière à Marienbad, Je t'aime, je t'aime et Providence à Céline et Julie vont en bateau, L'Amour par terre et Histoire de Marie et Julien en passant par Lost Highway, Mulholland Drive ou Inland Empire, les moments inquiétants, amusants parfois, où le spectateur perçoit des plans et des situations déjà vus l'amènent à se déplacer sur les scènes du souvenir, du rêve, du fantasme. Ces formes originales de déjà-vu font accéder aux possibilités imaginaires de la réinvention pour échapper à un destin tout tracé.
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Traduit par Albert Bensussan
Avec ma grand-mère, je m'arrêtais derrière les balustrades des fenêtres des voisines qui possédaient un téléviseur ; nous n'en avions pas chez nous, nous étions trop pauvres pour voir des films sur le petit écran. Là, le visage collé aux fers forgés, on contemplait le début de « L'Ange bleu » ; on voyait apparaître une main qui soulevait le rideau de fer d'une vitrine où une affiche annonçait le numéro de Lola-Lola ; une femme entrait dans le plan et lançait un seau d'eau sur la vitre. Je plongeais alors à la dérobée dans la léthargie et le désir, et me transformais en Lola-Lola, cette fille qui exhibait des jambes bien galbées et entonnait : « Je suis de la tête aux pieds faite pour l'amour. »
Zoé Valdés rend un hommage littéraire et poétique à Marlene Dietrich et au célèbre film de Josef von Sternberg, qui fera de l'actrice allemande l'incarnation de la femme fatale et l'icône érotique des années trente. De Cuba à Paris, en passant par Berlin, la narratrice raconte comment Marlene Dietrich interprétant Lola-Lola, la petite danseuse du cabaret « L'Ange Bleu », a fait irruption dans sa vie d'enfant, puis de femme, jusqu'à hanter totalement son imaginaire. Ses aventures personnelles font renaître sous nos yeux, tour à tour, l'artiste, la séductrice, l'amante, la militante que fut Marlene Dietrich.
Avec " L'Ange bleu " de Zoé Valdés le lecteur est transporté dans le monde du glamour en noir et blanc. Plus qu'une simple évocation du film, ce livre est le regard inspiré d'une narratrice spectatrice qui, par les charmes d'une écriture mélant humour et poésie, nous fait traverser la frontière entre l'art et la vie.
Laissant émerger les souvenirs de son enfance dans les quartiers pauvres de La Havane, la narratrice nous raconte comment Marlene Dietrich transformée en Lola Lola, la petite danseuse du cabaret L'Ange bleu, a fait irruption à plusieurs reprises dans sa vie d?enfant, puis de femme, jusqu'à hanter complétement son imaginaire. -
Ce livre rassemble seize articles publiés entre 1999 et 2019, consacrés à ce qu'il est convenu d'appeler le « cinéma hollywoodien classique », à savoir l'ensemble des films produits par l'industrie du cinéma américain entre les années 1930 et les années 1950, dans des compagnies aux noms devenus légendaires (Paramount, Warner Bros., 20th Century Fox, MGM, RKO...). Produites dans un cadre universitaire, ces réflexions s'ancrent dans le goût de l'autrice pour les films de « l'âge d'or » américain qui ont accompagné sa vie, et sur sa volonté de comprendre en profondeur leur puissance d'enchantement et de consolation. On trouvera dans ces pages de mémorables figures de stars, des cinéastes qui incarnèrent le « génie du système » (André Bazin), des études de l'art hollywoodien, ou encore le récit de moments de production fiévreux où les studios se faisaient historiens de l'actualité. Tous ces films ont en commun d'avoir été conçus pour de vastes publics dont le cinéma était l'un des premiers loisirs. Il n'était pas prévu, du moins explicitement, que les critiques puis les chercheurs en fassent des oeuvres d'art, des modèles universels, en un mot l'expression d'un puissant classicisme. Mais c'est ce qui arriva, et à ce titre ils constituent désormais un patrimoine culturel dont l'analyse n'est pas près de prendre fin.
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Depuis les années 1960-1970, la mémoire confuse des camps de concentration et du génocide des Juifs est devenue peu à peu omniprésente, au point d'engendrer un authentique imaginaire des « camps » dont les motifs resurgissent dans des films n'ayant pourtant aucun rapport avec la Seconde Guerre mondiale. Ces images clandestines apparaissent selon trois grandes modalités - l'imagerie, la persistance et la rémanence - qui affectent aussi bien le cinéma de science-fiction hollywoodien (Fleischer, Spielberg), les séries télévisées ou les films de zombies que le cinéma dit « d'auteur » européen (Godard, Bergman, Resnais, Akerman, Duras). Ainsi, quelles images se trament sous les images ? Quel circuit mystérieux empruntent-elles parfois afin de parvenir jusqu'à nous ? Et surtout, de quelles obsessions et de quels discours nos images contemporaines sont-elles les véhicules ?
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Libre interprétation critique et poétique du film Il était un père de Yasujiro Ozu, et de son thème central : l'amour inconditionnel d'un père pour son fils.
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« L'argent est l'envers de toutes les images que le cinéma montre et monte à l'endroit » écrit Gilles Deleuze dans le deuxième volet de Cinéma. Le capital est toujours derrière le cinéma. Le Capital hante Cinéma du début à la fin. C'est donc une lecture marxiste du diptyque composé de L'Image-mouvement et L'Image-temps que propose Jun Fujita dans Ciné-capital. Comment fonctionne le mode de production ciné-capitaliste ? Comment celui-ci fait-il produire de la plus-value aux images ? Pourquoi et comment s'approprie-t-il le travail même du spectateur ? En quel sens peut-on soutenir qu'Eisenstein et Hitchcock ont anticipé l'arrivée de la New Economy des années 1990 (dématérialisation du travail et financiarisation de l'économie) ? Quand et comment les images s'insurgent-elles contre l'exploitation ciné-capitaliste ? Comment se mettent-elles à valoir pour elles-mêmes ? Pourquoi le cinéma politique, depuis Straub et Huillet, a-t-il cessé de privilégier le tournage au bord de la mer ? Qu'est-ce qui permet à Deleuze d'affirmer qu'Ozu est un cinéaste de gauche ? Telles sont quelques-unes des questions abordées dans Ciné-capital.
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« On a souvent voulu me persuader que, de nature et d'éducation, j'étais foncièrement plus proche de Visconti que de Fellini, et je me suis posé la question : qu'en aurait-il été si, au lieu de rallier le Cirque Fellini, ç'avait été l'écurie Visconti qui m'avait engagé ? Je n'ai jamais su exactement par quel charme j'avais pu susciter l'intérêt, puis l'affection de Federico, mais je suis sûr que mon profil s'éloignait trop de celui des poulains du signor conte pour que je sois éligible dans son phalanstère. Si j'avais intégré sa légion d'or, j'aurais sans doute eu à regretter la molle sensualité tout orientale où baignaient les tournages du faro. De mes cinq « felliniennes années », j'ai le souvenir d'un apprentissage chaleureux du métier et de la vie. Visconti sera désormais pour moi l'artiste hautain qu'il faut se contenter de ne connaître que par son oeuvre : contradictions, travestissements, énigmes et aveux qu'il nous donne à déchiffrer, un peu comme le rébus de sa vie ».
Après avoir consacré un livre largement salué par la critique, Mes felliniennes années, au maestro, dont il fut l'assistant et le confident, Dominique Delouche brosse un portrait à la fois vibrant et intime du réalisateur de Senso, Mort à Venise et Le Guépard, que tout ou presque opposait à Fellini. -
Considéré à ses débuts comme « l'art du peuple », le cinéma a accompagné durant un siècle les mutations de ce sujet si fluctuant. L'auteur inspecte ici quelques-unes de ses figures contemporaines exposées sur des scènes fort distantes : les films de Jia Zhangke, un cinéma français opposant le réalisme à la République, des documentaires réalisés sur des places insurgées et d'autres tournés auprès de migrants clandestins. L'assemblage de ces écarts fait saillir des traits partagés dessinant la silhouette d'un peuple précaire, plus indéterminé et moins substantiel que le prolétariat dont il est le successeur. Le livre s'emploie à en préciser le portrait et les possibles en articulant le figuratif au politique.
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Hors Cadre : Imaginaires cinématographiques de l'histoire
Michèle Lagny
- Hermann
- 3 Juin 2020
- 9791037003430
Ce volume rassemble pour la première fois une série de textes qui ont joué un rôle fondateur pour le développement de la réflexion historique dans le champ du cinéma.
Durant près de quarante ans, Michèle Lagny (1938-2018) en a arpenté en tous sens les territoires, des documentaires aux fictions, des films populaires aux oeuvres de création. En historienne rigoureuse animée d'une intense curiosité, elle a contribué dans les années 1980-90 aux débats transatlantiques sur la « New Film History ». C'est toutefois dans son domaine de prédilection - l'étude des « films historiques » (dont ceux de Renoir, Visconti, Allio ou Watkins) -, qu'elle a développé ses propositions les plus stimulantes. Pour Michèle Lagny, seule l'analyse précise des formes permet de découvrir la perception du temps que façonne un film quand il élabore des images du passé. -
Séries cultes et culte de la série chez les jeunes : Penser l'adolescence avec les séries télévisées
Julier-Costes Martin
- Hermann
- 10 Octobre 2014
- 9782705673390
Prisées par le grand public, les séries télé sont devenues, au fil du temps, les objets d'un véritable culte. Visionnages rituels, passion de l'échange et éloges passionnés, certaines séries provoquent chez les adolescents et les adolescentes une ferveur sans précédent, jusqu'à devenir des symboles générationnels. De Beverly Hills 90210 à Skins, d'Hélène et les garçons à Glee, cet ouvrage analyse la place singulière des séries télé dans la culture juvénile contemporaine. À travers le croisement de leurs regards, socioanthropologues et psychologues, spécialistes de la littérature et des médias révèlent la complexité du rôle des séries pour un public aux prises avec des questions inhérentes au devenir adulte.
Martin Julier-Costes du Centre Georges-Chevrier.
Denis Jeffrey, professeur de sciences de l'éducation à l'Université Laval.
Jocelyn Lachance : ses travaux portent sur le rapport des jeunes au temps et aux technologies récentes de l'image et de la communication, sur leurs pratiques culturelles, ainsi que sur les conduites à risque dans un contexte hypermoderne. -
Jean Collet aime citer François Truffaut : « Dans la vie, il y a les compliqueurs et les simplifieurs ». Répondant aux questions d'un ami spectateur, Jean Collet simplifie ici pour nous le cinéma.
Où trouve-t-on l'art dans le 7e Art ?
Comment échapper à la prouesse trompeuse, à la manipulation qui fascine ?
Comment, devant un grand film, passer de l'éblouissement à la conviction ?
Paradoxalement, le film vit de sa relation avec le spectateur, alors que l'oeuvre échappe à son réalisateur. L'oeuvre d'art est révélation. C'est pourquoi le cinéma demande, en même temps qu'il engendre, une conversion du regard.
Cette conversion du regard, ce livre a l'ambition d'y conduire le lecteur.
Le jeune 7e art nous a beaucoup donné. Ce sont les spectateurs avertis et exigeants qui lui offrent un avenir. -
écrire le cinéma ; le ciné-roman selon Robbe-Grillet
Anna Zoppelari
- Hermann
- 23 Avril 2013
- 9782705684310
Film trop écrit et ciné-roman trop filmique, L'Immortelle apparaît comme une oeuvre pivot somme toute méconnue dans la bibliographie d'Alain Robbe-Grillet. Ce rôle est certainement lié au travail intersémiotique qui la caractérise, mais il est surtout déterminé par le travail de transformation de la fonction et de la forme de la narration qui s'opère dans l'ouvrage de l'écrivain-cinéaste : de la mise en valeur de la crise du sujet on passe à un projet narratif construit à partir de quelques thèmes générateurs qui construisent et détruisent en même temps la logique narrative du récit. Cette condition intermédiaire permettra finalement à l'écrivain de relire le texte à la lumière d'une conscience individuelle hantée par ses obsessions personnelles. Le présent ouvrage circonscrit donc l'analyse à un genre liminaire et à un texte spécifique afin de relire leur centralité dans l'esthétique de l'écrivain. L'analyse détaillée ne se limite pas à édifier le récit dans son organicité, mais permet de s'interroger sur sa forme labyrinthique et sur l'idéologie narrative qui la soutient.
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Jeux interdits ; essai sur le Décalogue de Kieslowski
Yves Vaillancourt
- Hermann
- 14 Mai 2014
- 9782705673239
Le Décalogue de Krzysztof Kieslowski (1941-1996) est une oeuvre phare du cinéma contemporain. Cette série de dix films illustre la manière dont les hommes brisent les interdits et pourquoi ils s'exposent alors à l'échec de leur projet. Guidé par l'intuition que chaque film repose sur une structure mimétique, Yves Vaillancourt montre en effet que les personnages du Décalogue, tout comme les gens dans la vie de tous les jours, s'imitent les uns les autres. Ainsi, dans un monde séculier comme le nôtre, les messages moraux ne viennent plus du ciel, mais des effets miroirs des hommes dans leurs rapports mutuels à l'interdit.
Yves Vaillancourt livre ici un exercice de philosophie tout empreint de sensibilité, guidant le lecteur et les cinéphiles vers ces moments où, parfois, les humains s'ouvrent à la mystérieuse et difficile révélation du bien. Bien qu'il ne soit pas croyant, il défend avec éloquence l'idée que le Décalogue est l'une de ces oeuvres qui ouvrent à ce mystère qu'on appelle communément le sacré. -
Julie Courel fait oeuvre de pionnière au Burkina Faso, car elle introduit la caméra dans le vécu quotidien d'une communauté qui se construit entre «zone lotie» et « zone non-lotie », entre « ex-villageois » et « pas encore citadins». Ma conviction est que c'est dans l'univers socio-économique où évolue le restaurant «Tchara», ses actrices et ses acteurs, que se construit la vraie ville africaine.
Les trois films et la thèse écrite constituent un capital pour tous les jeunes chercheurs qui, à la suite de Julie Courel, voudront vivre, voir et sentir « l'autre ville » de Ouagadougou en construction avec « Ouaga 2000 » des années 2000. Les films laissent les acteurs libres de leurs faits et gestes et de leurs propos. Il n'y a ni misère noire ni mendiants, ni enfants aux ventres ballonnés tant médiatisés hors d'Afrique. Makini, Kanama ou Aminata travaillent et gagnent leur vie à la sueur de leur front, sans plus. C'est une existence comme n'importe quelle autre, n'importe où sur cette « terre des hommes ». Chercher à comprendre et expliquer qu'on peut naître, vivre et évoluer en dehors et à côté des « normes » du système et de l'État Importé postcolonial en Afrique, c'est ce que réussit ce travail de reccherche, simple, profond et compliqué à la fois.
Il fallait le faire, c'est fait.
Pr Basile Laetare Guissou -
Dans cette histoire que littérature et cinéma ont longtemps partagée (en France plus qu'ailleurs), l'oeuvre de Malraux fait figure à la fois de comble et d'hapax. Sa filmographie n'égale pas celles de Guitry, Cocteau ou Duras, mais le réalisateur de Sierra de Teruel a pour lui d'avoir exploré toutes les dimensions du 7e art : l'essai théorique (en particulier touchant l'adaptation), les ressorts d'une politique cinématographique et audiovisuelle, l'invention de « scénarios dans un fauteuil » rédigés sans perspective de réalisation, ou encore le genre du film d'art qu'il défendit en contribuant aux documentaires tirés de ses propres essais... À ce titre, Malraux est un auteur total. Cet essai s'attache à examiner chacun de ces plans, à en observer les croisements opérés entre temps des oeuvres littéraires et temps des films, à proposer, autrement dit, une entrelecture propre à renouveler l'image que nous nous faisons de ce domaine d'étude aujourd'hui délaissé.
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Le cinéma nous regarde, il en sait souvent plus sur nous et notre époque que ce que nous croyons savoir sur lui. Il nous livre un instantané photographique du temps qui passe et ouvre la possibilité de la critique au coeur du divertissement. Cet art des masses est un art du monde, des peuples, du peuplé, du dépeuplé, du populaire, et parfois du populiste. Le cinéma, ce n'est pas exactement le film, c'est ce qui, dans le film, ne relève pas du sens, en quelque sorte la part folle et non théologique du film. Ce art excède son esthétique, en rendant sensible en lui la trace des spectres, de l'oublié, du sans-voix et du laissé-pour-compte. « Dès qu'il eut franchi le pont, les fantômes vinrent à sa rencontre », entend-on dans Nosferatu de Murnau. Ces traces ou ces apparitions de fantômes sont inséparables du rêve et de la remémoration qui a lieu au cinéma. La pensée est cinématographique, depuis des temps immémoriaux, elle rêve et pense en cinéma. Depuis que le cinéma existe par ses films, depuis que prolifèrent ces singulières temporalisations des images par le mouvement, le cinéma suscite, invente et innerve la pensée.
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Juger le cinéma n'a jamais été la seule affaire des spécialistes. Le 7e art, dès sa naissance, a montré sa capacité à susciter toutes sortes de réactions, spontanées ou savantes, émerveillées ou inquiètes, rendant compte du rapport singulier qui se tisse entre le film et son spectateur. Ce qu'on interroge ici en priorité, ce sont donc moins les discours professionnels que l'expérience du cinéma au sens large, telle qu'elle se vit à de multiples niveaux : chez le spectateur cultivé, fasciné ou révulsé, mais rarement indifférent ; chez les critiques bien sûr, dans les moments particuliers où, face à des oeuvres inattendues, leurs convictions esthétiques sont ébranlées ; enfin, chez le spectateur ordinaire, dont le goût fut longtemps ignoré alors que son expérience est par excellence le terrain où s'observent les échos et les effets du cinéma dans la société.
Cette entreprise, par son étendue, exigeait la collaboration de plusieurs disciplines. Ainsi se donnent à voir d'un article à l'autre les contours mouvants de l'expérience du cinéma, qui se transforme en circulant entre les époques, les individus, les communautés interprétatives, et rassemble finalement les publics. -
Le cinéaste au travail : autoportraits : Autoportraits
Tinel-Temple Muriel
- Hermann
- 15 Mars 2016
- 9782705691905
S'éloignant de la sphère strictement intime, le cinéaste autoportraitiste ne revendique pas son individualité, mais sa position et son savoir-faire d'artiste dans un « moi-ici-maintenant » du film et, par extension, du cinéma , pour se représenter au travail.
À travers un corpus varié de films, Muriel Tinel-Temple explore les postures du cinéaste (disparition du visage au profit des mains), son espace intime (« atelier » et paysage intérieur), l'inscription de sa subjectivité par le regard et la voix ainsi que la visibilité du film comme support et matériau. L'autoportrait cinématographique ouvre, enfin, vers une mise en scène de la mémoire du cinéma par le cinéma. -
Cinéma, mythe et idéologie : Échos de Wagner chez Hans-Jurgen Syberberg et Werner Herzog
Laurent Guido
- Hermann
- 20 Janvier 2020
- 9791037003041
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Les films d'Ingmar Bergman (1918-2007) ont la réputation d'être noirs et décapants. Le cinéaste nous soumet à une déconstruction des relations humaines fondamentales et de nos aspirations spirituelles. Mais sonder le vide en nous n'est-il qu'accablant ? Ou serait-ce le chemin le plus sûr vers un renouveau ?Le cinéaste suédois, fils de pasteur, a lutté pour remplacer le discours chrétien de son enfance par un évangile exaltant l'amour et la vie. Son cinéma peut se comprendre comme un combat entre les mauvaises nouvelles et les bonnes. Maris et femmes, mères et filles, pères et fils, prêtres et communiants, psychiatres et patients, tous entrent dans la ronde interminable où un peu de lumière perce les ténèbres. Et là où la stratégie des acteurs bergmaniens s'avère insuffisante, la musique prend le relais afin de communiquer par-delà notre finitude.
Dans cet essai, Yves Vaillancourt relie tous les grands films de Bergman en montrant qu'ils contiennent nos meilleures ressources face au désespoir.