D'où le cinéma de Michelangelo Antonioni tire-t-il son étrange pouvoir de fascina-tion ? Assurément de la qualité si particulière du regard que le cinéaste, film après film, a posé sur la matière filmée : un regard qui s'exerce sur fond de vacuité, à fleur de cette béante inconsistance où les choses qu'on ne peut tenir à l'oeil, ni contenir dans un récit, se rechargent constamment de mystère et s'élèvent à la puissance de l'évidement.
Cet ouvrage est consacré au cinéma d'auteur israélien, mouvement nommé la Nouvelle Sensibilité et à son évolution dans les années 60 et 70. Il étudie les aspects esthétiques et thématiques de cette cinématographie, l'influence du cinéma d'auteur européen, notamment de la Nouvelle Vague française, ainsi que certains aspects économiques (méthodes de financement et de production). Les films de la Nouvelle Sensibilité sont analysés comme une réaction au cinéma de propagande sioniste d'une part, et au genre de la comédie populaire «orientale» d'autre part.
Qui ne connaît pas "Central do Brasil" ou "Jorge Amado"oe Le cinéma brésilien est un des grands cinémas mondiaux dont Glauber Rocha ou Walter Salles constituent des références incontournables. La littérature brésilienne a aussi, depuis longtemps ses classiques lus sur toute la planète, de Euclides da Cunha à Jao Guimaraes Rosa. De là ce livre novateur, à travers l'analyse de la production artistique cinématographique et littéraire, s'introduit au coeur de la "fabrique" d'éléments essentiels de la brasilianité : l'indien, le Noir, le Métis . Une clairvoyante introduction au Brésil. Une aide précieuse aux amateurs de littérature ou de cinéma brésiliens.
"La ""photographie africaine"" (1989-2015) ne constitue ni un genre, ni un mouvement artistique. L adjectif ""africaine"" désigne en fait un cadre géographique, seul rescapé de la suspicion généralisée envers toute tentative définitionnelle. Les acteurs de cette photographie abordent souvent leur sujet sous un angle politique. S il n y a pas de spécificité formelle de la photographie africaine, il y a un cas photographique africain : on s interroge souvent sur ce que cette photographie est censée être."
Retrouver par surprise d'anciennes photos argentiques dont il ne subsiste parfois que les négatifs, ou d'anciennes photos numériques oubliées, à peine regardées, enfouies dans nos circuits numériques saturés, ce peut être souvent l'occasion d'une réactivation de nos mémoires charnelles, dans une suite d'intuitions incertaines et chaotiques, de pensées énigmatiques, d'émotions nostalgiques. Les photos retrouvées ne sont pas de simples et plats enregistrements de scènes de vie révolues, des « Morts plates », selon l'expression de Roland Barthes. Elles sont, au contraire, des inducteurs fortuits de nos mémoires fractalisées.
Ce livre propose une réflexion autant sur l'art que sur la photographie. Son auteur, à la fois photographe et théoricien, ne cesse de se poser les questions fondamentales qui traversent la création photographique : qu'est-ce qu'un sujet ? Quelle est son importance dans la poïétique photographique ? Quel rapport existe-t-il entre l'auteur et son sujet ? Le sujet photographique est considéré, dans cet ouvrage, comme un point d'ancrage où se nouent à la fois une quête iconographique, médiumnologique et identitaire.
La seconde moitié du XXè siècle a vu émerger dans l'histoire du cinéma mondial "l'Empire du Soleil Levant", puis "le Pays du Matin Calme". Sous une gestuelle superficiellement qualifiée d'exotique, la somptuosité des costumes et la splendeur de l'image ont séduit l'Occident. Mais seule une étude approfondie de ces cultures lointaines permet d'en assimiler tout le raffinement. De l'art du Gandhara à la Route de la Soie, l'impressionnante silhouette de Bouddha ne cesse d'interroger l'éternel dialogue entre l'Orient et l'Occident.
On qualifie le cinéma asiatique d'érotique, de sensuel, d'ultra-violent, de provocateur, d'immoral, de philosophique, de métaphysique. Le cinéma réalisé en Asie est une révolution des représentations au cinéma: celles du temps, des héros, de l'imaginaire, de la jeunesse, de l'idéologique comme du philosophique. Au-delà des stratégies marketing, quelles sont les dynamiques mises en oeuvre par cette nouvelle frontière du cinéma ? Pourquoi l'histoire du cinéma passe-t-elle dorénavant par l'Asie ? Ce livre montre à quel point il remet en question nos propres conceptions et leur devenir.
Pierre Granier-Deferre a su créer quelques oeuvres sensibles et avouer à demi-mot un penchant pour les univers troubles et dérangeants, assurer à demi-image un attrait pour les personnages pervers et une attirance de bon aloi pour les comédiennes, dans toute leur beauté. Granier-Deferre est trop vite passé sous silence. Cet ouvrage, le premier du genre, est proposé pour suivre ses chemins parce qu'il est temps d'en finir avec une absence, un mutisme immérités.
"Autour de l artiste-théoricien argentin Alejandro Erbetta, 16 chercheurs, principalement d Amérique Latine mais aussi de France, ont voulu montrer avec des exemples précis d oeuvres et des hypothèses orginales, pourquoi et comment des concepts, thèses et théories, élaborés par François Soulages dans son livre Esthétique de la photographie (paru en 1998) et dans bien d autres depuis, nourissaient la pensée et la pratique de la photographie aujourd hui."
La spécificité de la photographie trouve sa source dans l'extériorité. Elle se révèle maladroite, voire impuissante, à exprimer la singularité d'une personne, à révéler l'atmosphère d'une ville ou à dépasser les apparences d'un objet. Cet échec corrélatif du médium pourrait être sa chance, car que deviendrait l'objet si la photographie était un moyen de s'en saisir et de s'emparer de lui ? Comment penser ce qui est photographié si la photographie le ramenait au même, c'est-à-dire à soi et à l'identique ? Qu'adviendrait-il enfin de l'extérieur si ce n'était qu'un prétexte à la réalisation d'une photographie de soi-même ? Si la photographie peut combler un désir de connaissance, ou s'affranchir de la distance qui sépare le photographe du monde, l'extériorité fait surgir l'infranchissable et l'insaisissable au coeur de la photographie. Elle introduit un paradoxe dans la relation du médium au dehors, mêlant l'impossible au possible. À partir d'artistes contemporains (d'Agata, Engstrom, Pataut, Bazin, Guibert) et de ses propres travaux, l'auteur part à la recherche d'une possible extériorité et d'une nouvelle esthétique de la photographie.
La photographie de chantier s insère dans un champ artistique et théorique très large sur les liens entre art et chantier, qui rassemble, depuis une vingtaine d années, historiens de l art, anthropologues, architectes et artistes. Comment le chantier, espace à la fois quotidien et spectaculaire, devient-il un objet esthétique de la photographie ? Le basculement de la valeur documentaire de la photographie de chantier à sa valeur esthétique constitue en effet l un des enjeux principaux de l'analyse apportée ici.
Dans cet ouvrage, l'auteur montre comment la photographie déconstruit les genres et les modèles à travers un questionnement sur les représentations photographiques. Les nouvelles subjectivités, la mise en scène, mais aussi l'approche radicale de la photographie du corps ouvrent à de nouvelles expériences conceptuelles et virtuelles témoignant des perceptions fragmentaires photographiques en mutation. En puisant principalement dans le corpus d'images provenant des expositions réalisées sur les thématiques des mutations photographiques au sein de Café-Crème édition et du Mois européen de la photographie, ces réflexions se poursuivent en tenant compte du passage de l'argentique au numérique, du tableau à l'écran, de la photographie à la post-photographie.
Les photographies de François Lucchesi témoignent avec sensibilité et malice de son quotidien de travail et de celui de ses collègues, au Port pétrolier de Fos-sur-Mer dans les Bouches-du-Rhône. Parmi les embruns et les vapeurs de gaz, sous le mistral glacial ou la chaleur écrasante, François Lucchesi a su capter à hauteur d'hommes, jour et nuit, toute l'année, la vie des ouvriers du pétrole. Souvent méconnu - alors que l'or noir est encore indispensable à la vie du pays -, voire occulté, en raison des maladies professionnelles qui les déciment, leur travail est désormais reconnu grâce à ce livre inédit.
Seul un ouvrier du pétrole pouvait transmettre une mémoire toujours aussi vivante.
La série télévisée Downton Abbey a connu un succès mondial. Certains y voient la peinture d'un monde désuet et injuste qui va progressivement laisser la place à la démocratie et à la justice. Mais pour les amateurs de la série, ce monde idéal de Downton n'est ni un château en Espagne ni un conte de fées. C'est un monde désirable, un monde où chacun, tel qu'il est, a de l'importance, a un rôle à jouer qui lui permet de se réaliser. Cette impression de merveilleux est une fenêtre qui, pour le spectateur, s'ouvre sur un nouveau monde de la liberté et du bonheur qu'il peut maintenant construire pour lui-même. Le bonheur tel que le décrit le philosophe Robert Misrahi devient un horizon possible. La méditation sur les personnages de Downton Abbey s'ouvre alors sur d'infinies promesses. Chacun est ainsi invité à construire son propre Château du Bonheur.
"À partir de la fin du XIXe siècle, les réformateurs, tout en mettant l enfant pauvre au coeur de leurs préoccupations, font usage de la photographie dans une optique de progrès social. Parmi les images les plus ""iconiques"" : des photographiques de Jacon Riis (journaliste humaniste et explorateur des bas-fonds new-yorkais à la fin du XIXe siècle), de Lewis Hine (sociologue engagé dans la lutte contre le travail des enfants au début du XXe siècle) et des photographes de la Farm Security Administration, D. Lange, W. Evans, B. Shahn, etc. (employés par l administration Roosevelt dans les années 1930 pour documenter les ravages de la crise dans le monde agricole). La représentation de l enfant, où textes et images se révèlent indissociables, participe ainsi de la naissance d un genre nouveau, le documentaire social dont l impact va se révéler déterminant dans la perception et la construction de l Amérique moderne."
A la fois une réflexion sur la légende et l'élément constitutif de la légende, Lawrence d'Arabie est une magistrale étude de caractère en même temps qu'une somptueuse superproduction en Cinémascope. Parce qu'il a séduit plusieurs générations de cinéphiles, ainsi que Steven Spielberg, Keneth Branagh ou Martin Scorsese, ce film méritait d'être revisité. Cet ouvrage propose une analyse formelle et thématique inédite de ce film, enrichie d'anecdotes sur son histoire et complétée par des extraits critiques.
La "corde poétique" s'exprime à travers les usages inédits d'objets on ne peut plus ordinaires. Multifonctions, en dysfontionnement, utilisés à contre-emploi, démarqués ou détournés, pervertis, les objets du quotidien se voient investis d'un pouvoir terrifiant. Comment Hitchcok procède-t-il pour charger de sens et investir d'une puissante subjectivité des objets neutres tels un briquet, une clé, un couteau ou un sac ? Comment parvient-il à travers eux à prendre contrôle de l'univers ?