Aubier
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La connaissance interdite ; affronter les blessures de l'enfance dans la thérapie
Alice Miller
- Aubier
- 14 Septembre 1993
- 9782700721102
Ouvrez les yeux, nous dit Alice Miller de livre en livre. Ouvrez les yeux sur ce que vous avez subi étant enfant. Nous bâtissons de hautes murailles pour nous protéger de la douloureuse histoire de notre propre enfance.
«Il n'est pas vrai, écrit Alice Miller, que le mal, la destruction, la perversion fassent nécessairement partie de l'existence humaine, même si on le répète sans arrêt. Mais il est vrai que le mal se reproduit sans cesse, et qu'il engendre pour des millions d'êtres humains un océan de souffrance qui pourrait aussi être évité. Lorsque sera levée l'ignorance résultant des refoulements de l'enfance, et que l'humanité sera réveillée, cette production du mal pourra prendre fin.»
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Martin Buber (1878-1965) est essentiellement le philosophe de la réciprocité. Il est en effet à l'origine de l'attention toute particulière accordée à la problématique de l'autre dans les philosophies existentielles du XXe siècle. Publié à Heidelberg en 1923, le Je et tu (Ich und Du) suscita, influença ou accompagna les réflexions de Husserl sur la coexistence des intentionnalités, celles de Scheler sur la «sympathie», celles de Jaspers sur la «communication», de Heidegger sur le «mit sein», de Sartre sur le «pour-autrui» et de Lacan sur «l'autre». Si tous n'ont pas forcément lu ou médité Martin Buber, chacun au moins, par son cheminement autonome, exprime l'importance primordiale de la réflexion sur l'autre. Notamment Levinas, chez qui la philosophie du visage comme signe divin fait écho à la doctrine bubérienne du Face-à-Face. Gaston Bachelard exprime le centre incandescent de l'oeuvre de Buber, dans sa Préface au Je et tu : «Il faut avoir rencontré Martin Buber pour comprendre dans le temps d'un regard la philosophie de la rencontre, cette synthèse de l'événement et de l'éternité. Alors on sait d'un seul coup que les convictions sont des flammes et que la sympathie est la connaissance directe des âmes. C'est ici qu'intervient la catégorie bubérienne la plus précieuse : la réciprocité».
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Comment se sont créés les usages modernes du temps libre ? Comment le désir de voyage, la soif d'aventures et de sensations nouvelles, les divertissements de la foule, le besoin de quiétude et de découverte de soi se sont-ils combinés à l'accélération des rythmes de vie ? Telles sont les questions auxquelles entend répondre cet ouvrage conçu et coordonné par Alain Corbin, avec des contributions de Julia Csergo, Jean-Claude Farcy, Roy Porter, André Rauch, Jean-Claude Richez, Léon Strauss, Anne-Marie Thiesse, Gabriella Turnaturi et Georges Vigarello.
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Livre mythique, le Freud de Ralph Steadman, fruit de longues années de recherches, fut salué lors de sa parution - voilà plus de quarante ans - comme l'un des livres illustrés les plus intelligents et les plus originaux de son temps.De remarquables illustrations scandent cette biographie pas comme les autres, qui s'apparente à une véritable expédition au royaume de la fantaisie. Steadman se fonde sur les faits avérés de l'existence de Freud - qu'il connaît admirablement -, mais pour mieux les interpréter, en échafaudant des théories parfois délirantes. De la petite enfance de l'inventeur de la psychanalyse jusqu'à sa mort, chaque scène de cette vie est transformée en situation comique et analysée avec humour selon les critères du mot d'esprit exposés par Freud lui-même.Il en résulte un véritable festival freudien:calembours visuels et verbaux, lapsus, contrepèteries, descriptions désopilantes de Freud à l'armée ou chez son barbier...Derrière le Freud amer, tyrannique et obsédé par la sexualité de l'imagerie classique, le désir de montrer un Freud humain, qui rit, qui aime, qui doute et qui souffre.
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Tintin chez le psychanalyste
Serge Tisseron
- Aubier
- Psychologie Psychanalyse
- 2 Avril 1993
- 9782700721423
L'auteur analyse les aventures de Tintin comme une immense fresque qui parle d'autre chose que ce qu'elle raconte, et qu'il faut décrypter.
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Lettres sur l'éducation esthétique de l'homme ; briefe uber die asthetische erzieh des menschen
Fried Von Schiller
- Aubier
- Bilingue Aubier
- 5 Mars 1992
- 9782700711004
Dans cet ouvrage paru en 1795, Schiller tend à montrer que les considérations esthétiques peuvent servir à la réforme de l'Etat et contribuer au bonheur de l'humanité.
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Philosophie de la logique
Willard van orman Quine
- Aubier
- Philosophie Aubier
- 30 Janvier 2008
- 9782700701470
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Quand les nations refont l'histoire ; l'invention des origines médiévales de l'Europe
Patrick j. Geary
- Aubier
- 1 Septembre 2004
- 9782700723359
L'Europe d'aujourd'hui ressemblerait-elle à celle de 1914 ? N'est-elle
pas minée par les droits des minorités, par les particularismes
religieux et linguistiques ? En Ukraine, en Russie, en Biélorussie et
en Crimée, les revendications de souveraineté nationale se font
une nouvelle fois entendre. En Hongrie, les hostilités ont repris
contre les Roumains au sud et contre les Slovaques au nord. Serbes
et Croates se sont entretués et se sont unis pour tuer les
Bosniaques au nom de leurs droits nationaux. Les Serbes ont lancé
une vaste offensive visant à chasser les Albanais du Kosovo, et,
après les bombardements déclenchés par les forces de l'OTAN, les
Kosovars se vengent contre la minorité serbe d'Albanie avec la
même brutalité que leurs anciens oppresseurs.À l'origine de ces conflits, au fondement de ces revendications,
une même mystification historique : chacun de ces peuples,
existant de toute éternité, aurait dans un passé lointain acquis
le droit de propriété du territoire qu'il revendique aujourd'hui pour
sien. C'est ainsi que les Germains seraient «nés» au Ier siècle,
les Francs au Ve siècle, ou les Croates au VIe siècle. Une vision de
l'histoire inventée par le XIXe siècle, sous l'influence des romantiques
et des idéologues nationalistes, qui imprègne les discours identitaires
aujourd'hui.À la fiction du «Nous étions là les premiers», Patrick Geary, grand
spécialiste du Moyen Âge, oppose une Europe médiévale sans cesse
remodelée par les conquêtes et les migrations : une Europe multiculturelle
avant l'heure. Il signe ainsi un livre engagé, contre les
manipulations de l'Histoire par les nationalismes ethniques.
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La définition ablative du féminin - «sexe auquel manque le morceau estimé par-dessus tout» - domine la construction freudienne au point de faire oublier que les déclarations inaugurables campent un maître crypto-féministe, faisant sienne la «protestation» émise par des femmes. Femmes qui défendent à la fois leur «espace creux» et leur «liberté» contre la pénétration de tout «corps étranger», la réaction défensive pouvant d'ailleurs se muer en tentative d'«admission». Or cet enchaînement d'opérations va servir à Freud de paradigme pour penser la topique psychique et la dynamique du refoulement.
Comment comprendre alors qu'une fois devenue la propriété de tous psychisme, cette ouverture de l'espace interne soit, dans la suite de l'oeuvre, déconnectée de la dynamique féminineoe Oublieuses de leur point de départ, les positions freudiennes s'enferment dans l'idéologie masculine qui tient la différence des sexes pour une différence de signes ou d'emblèmes visibles.
Faisant retour au Freud des origines et à la figure mythique de Psyché, Monique Schneider invite à pratiquer ouvertures et remaniements. Il s'agira de mettre en veilleuse la passion scopique pour laisser place à «la nuit des muqueuses», et de capter les productions oniriques nouant la jouissance et l'accès à cette «chambre supplémentaire». S'ébauche alors une «symbolisation du sexe de la femme» qui souligne d'autres traits que «ce caractère d'absence, de vide, de trou» que lui attribue Lacan à l'une des étapes de son parcours, et fait droit à ce qui, dans le rapport qu'entretient la femme avec son espace intérieur, met à mal les repères imposés par la logique de la castration.
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L'Italie n'a pas toujours été romaine.
Lors de la deuxième guerre punique, au 'ranima où Hannibal débouchait des Alpes, elle était encore peuplée de Ligures et de Gaulois au nord, d'Etrusques et d'Italiques au centre et au sud, de Grecs sur les côtes méridionales et en Sicile. Les Romains n'occupaient qu'un peu plus du dixième de la péninsule. Or deux siècles plus tard, sous le règne d'Auguste, l'Italie s'était unifiée et romanisée. Dans la violence, il est vrai.
Violence tempérée d'une acculturation imposée par le développement des échanges et l'ouverture sur le monde héllénistique ; violence sanglante des guerres puniques, de la guerre sociale puis des guerres civiles qui, tout au long de la période, modifièrent le paysage humain par les pertes et les déplacements de population qu'elles entraînèrent. Le processus pourtant avait ses acteurs : les Italiens eux-mêmes : Pour maintenir leur position, leurs élites devaient obtenir de partager un pouvoir qui se concentrait à Rome entre les main: de l'aristocratie.
Celle-ci n'y consentait pas et il fallut une guerre pour la décider. Il fallut aussi un long travail d'intégratif: et d'incorporation dans les cadres politiques renouvelés. Le résultat fut pourtant que l'unification engendra une nouvelle citoyenneté romaine, plus large, plus abstraite: universelle. Nous en sommes les héritiers.
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La religion des Romains a mauvaise réputation. Comparée aux religions universelles dites du Livre, elle paraît dénuée d'intérêt. Ignorant l'idée de révélation, dépourvue de croyances et de dogmes, elle ne se compose que de rites et d'obligations rituelles. C'est précisément ce ritualisme qui a longtemps été mal compris, voire méprisé. Or rites et sacrifices peuvent manifester une pensée théologique ou philosophique implicite : ils mettent en scène les hiérarchies qui existent dans ce monde-ci et dans l'au-delà, entre les hommes et les dieux, entre les dieux eux-mêmes, et entre leurs partenaires humains.
Ainsi, la découpe d'un boeuf, l'ordre de distribution des parts de viande, ou même la manière de les consommer en disent long sur les relations entre les dieux et les humains.
C'est ce que montre John Scheid, à travers l'analyse de certains sacrifices pratiqués à Rome entre le IIe siècle avant notre ère et le IIIe siècle après J.-C. : celui de la confrérie religieuse des frères arvales, ceux des Jeux séculaires, les prescriptions sacrificielles de Caton le censeur, et enfin les sacrifices funéraires.
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L'Empire des passions : L'arbitraire politique en Islam
Jocelyne Dakhlia
- Aubier
- 13 Avril 2005
- 9782700723465
À Bagdad, au VIIIe siècle, le calife Hârûn al Rashîd ordonne la décapitation de son fidèle ministre Ja'far, ainsi que l'exécution de sa famille, les illustres Barmécides. Cet épisode, célèbre dans tout l'Islam et notamment relaté dans Les Mille et Une Nuits, met en évidence un motif récurrent dans l'histoire du monde arabo-musulman, celui du couple formé par le sultan et son ministre. Bien plus qu'en Europe, cette alliance repose en effet sur des affinités affectives. Le ministre du sultan est presque toujours son ami intime, voire son amant, et leur collaboration prend souvent fin dans le sang, justifiant en apparence le lieu commun d'une histoire politique placée sous le signe de politique l'instabilité. Pourtant, l'irruption de la passion en politique remplit également une fonction régulatrice : symptôme d'une crise, d'une rupture de l'ordre du royaume, elle permet finalement que naisse une «voix» de l'opinion, un pouvoir politique négocié. À travers le prisme du couple que forment le sultan et son ministre, notion centrale de la littérature politique et historiographique, Jocelyne Dakhlia examine à nouveaux frais la question du despotisme et de l'arbitraire politique en Islam. Elle invite à découvrir la richesse de l'héritage médiéval et moderne des États du monde islamique, à mille lieues de l'image erronée d'un univers politique voué à l'absolutisme, sans contrepoids ni mûrissement démocratique possibles.
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Rêver avec Freud ; l'histoire collective de l'interprétation du rêve
Andreas Mayer, Lydia Marinelli
- Aubier
- Psychanalyse Aubier
- 6 Novembre 2009
- 9782700703986
Histoire de«L'interprétation des rêves»de Freud. Etudie son élaboration, sa réception par les spécialistes et le public, la prise en compte des commentaires de ses lecteurs dans les modifications successives de l'ouvrage, les échanges de Freud avec le mouvement pychanalytique à Vienne, etc.
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Un mystère plus lointain que l'inconscient
Alain Didier-weill
- Aubier
- Psychanalyse Aubier
- 24 Avril 2010
- 9782700704099
Qu'y a-t-il dans le regard étonné que le nouveau-né pose sur le monde? dans le "pourquoi" insistant de l'enfant? dans la sidération de l'adulte à l'écoute d'une note, d'un rythme, d'un trait d'esprit inouïs? dans le vol suspendu du danseur? Le surgissement d'un nouveau radical qui va bien au-delà du renouveau lié à la remémoration d'un signifiant refoulé, tel que Freud l'avait formulé.
Il est la clé d'un lieu auquel le mot ne donne pas accès et que Lacan situait " plus loin" que l'inconscient. Mais comment s'approcher d'un tel lieu? L'acte de création semble y mener lorsqu'il offre à notre perception de quoi appréhender l'invisible, l'inouï. Et n'y a-t-il qu'une réponse à cet étonnement? Quelles instances psychiques met-il en jeu? Pour répondre à ces questions, la religion offre une piste intéressante: le choix inconscient que provoque le nouveau radical sera celui de l'hérétique (qui veut que l'étonnement subsiste) ou celui de l'inquisiteur (qui veut le voir abdiquer).
C'est ainsi que certains philosophes contemporains -tel Alain Badiou - sont conduits, au nom du dogme chrétien inventé par saint Paul, à ne voir qu'une imposture dans l'étonnante universalité des lois de la Parole données par Moïse. L'étonnement est ce qui cesse avec le dogme: lorsqu'il est la voie par laquelle le sujet entre en résonance avec la loi et l'outrepasse; lorsqu'il rend le complexe d'OEdipe plus complexe en le renvoyant à son ancêtre Dionysos, dieu de ce qui sonne et résonne; lorsqu'il donne accès au nouveau absolu délivrable par le réel.
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Les chimères du corps ; de la somatisation à la création
Sylvie Le poulichet
- Aubier
- Psychanalyse Aubier
- 11 Septembre 2010
- 9782700704129
Depuis plusieurs années, Sylvie Le Poulichet explore la dynamique de phénomènes qu´elle a dénommés « processus limites », à l´oeuvre chez des patients ordinairement désignés comme borderline. Ces patients souffrent d´une difficulté à « habiter » leur corps, à repérer les limites entre le vivant et le mort et à s´approprier leur histoire.
Le déploiement de la vie paraît chez eux tombé sous le coup de condamnations parentales, émanant d´événements traumatiques et de fantasmes inconscients, qui se transmettent de génération en génération. Ces sujets en viennent à sacrifier inconsciemment certaines zones de leur corps ou des aspects de leur identité sexuelle. Et des somatisations, des dépressions, des addictions (la boulimie, par exemple), des états de figement affectent souvent leur devenir.
Dans cet ouvrage, on voit se déployer les mouvements de la démarche analytique : l´auteure relate des séquences de cure où l´analyse de rêves et la traversée de fantasmes permettent de recomposer les figures du corps en souffrance.
Des scènes insoupçonnées apparaissent, ayant le pouvoir de construire de nouvelles versions de la venue au monde du sujet. Et c´est lorsque s´animent les images du corps pensées par le langage du rêve que se produisent de nouvelles prises de corps. C´est lorsque sont analysées les chimères du corps - ces étranges assemblages fantasmatiques de plusieurs corps, vivants ou morts, en un seul, qui vont jusqu´à menacer la continuité d´existence - que tous les symptômes douloureux disparaissent.
Ce livre montre quels sont les modes d´interprétation qui permettent de dissoudre les fantômes, de dénouer les forces traumatiques et de mettre en jeu des processus créateurs qui laisseront enfin surgir un nouveau champ de regard, de présence, de jeu et de désir.
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La souffrance muette de l'enfant - l'expression du refoulement dans l'art et la politique
Alice Miller
- Aubier
- 7 Janvier 1993
- 9782700721096
Que peut-on lire dans le Guernica de Picasso ? Pourquoi Buster Keaton ne sourit-il jamais ? Que découvre-t-on en filigrane dans la philosophie de Nietzsche ? Quelles ont été les premières années de celui qu'on appelait «le petit père des peuples» - Joseph Vissarionovitch Staline ?
On retrouvera ici la préoccupation essentielle d'Alice Miller : mettre en évidence une vérité qui a si souvent été - volontairement ? - mal interprétée. Non, tous les enfants humiliés et maltraités ne deviennent pas des monstres ; mais tous les monstres, tous, ont d'abord été des enfants humiliés et maltraités (les pages sur l'enfance de Staline, qui font écho à celles de C'est pour ton bien sur l'enfance de Hitler, sont à ce titre exemplaires). Seule la confrontation avec cette vérité, jusqu'à présent ignorée dans l'ensemble des civilisations, peut sauver l'humanité de l'autodestruction la plus aveugle.
Et pourquoi ce rapprochement entre l'art et la politique ? C'est que là s'établit, pour Alice Miller, le clivage essentiel : si certains enfants, abominablement maltraités, ne sont pas devenus des meurtriers mais des écrivains ou des artistes, c'est qu'ils ont bénéficié, à côté de toutes les horreurs subies, de l'affection d'une personne au moins qui leur a permis, par contraste, de prendre conscience de la cruauté qui leur était infligée. De ses découvertes, Alice Miller tire en effet la conclusion que l'homme n'est pas «naturellement» destructeur, mais que les mauvais traitements et les humiliations de l'enfance peuvent faire de lui un monstre, s'il ne trouve auprès de lui personne pour l'aider à affronter sa vérité. D'où l'importance de ces «témoins lucides», dont la seule présence pourra permettre à l'enfant devenu adulte d'échapper à l'engrenage de la haine et de la folie destructrice, c'est-à-dire de protéger la vie - celle de ses enfants comme la sienne propre.
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La gloire de l'aventure - genese d'une mystique moderne 1850-1940
Sylvain Venayre
- Aubier
- 31 Octobre 2002
- 9782700723328
Rimbaud, Isabelle Eberhardt, Lawrence d'Arabie... ils ont fait rêver le XXe siècle. Existences solitaires, mystérieuses, que les biographes n'ont pas épuisées, et qui ont incarné le furieux désir d'aventures qui naît et se déploie alors en Europe. Certes, jusque-là, quelques individus à la destinée peu commune avaient intrigué l'opinion - un Anglais devenu rajah, un notaire couronné roi de Patagonie... -, mais le regard porté sur ces «aventuriers» se teintait de méfiance, voire de condescendance.
Or, au tournant des XIXe et XXe siècles, tout change : l'aventure cesse de se confondre avec des tribulations cocasses ou tragiques, réservées à la jeunesse ou à quelques excentriques, pour devenir un idéal et un art de vivre. Comment accomplir ce nouveau mot d'ordre : faire de sa vie un poème en actes ? Dans la guerre, peut-être, là où elle cesse d'être usine meurtrière, là où le combat individuel est encore possible. Dans le voyage : commence une quête éperdue, sur cette planète qu'on cadastre chaque jour un peu plus, des espaces ignorés, des peuples purs de la souillure touristique. Dans la politique et, pourquoi pas, dans la littérature : car des écrivains vouent désormais, indissociablement, leur vie et leur oeuvre à l'aventure, Conrad, Malraux, Saint-Exupéry... dont un Hugo Pratt sera parmi d'autres l'héritier.
Aujourd'hui nimbée d'une gloire que nul ne songe à lui contester, l'aventure a pourtant une histoire : elle est née, il y a cent ans, comme valeur fondamentale de l'homme moderne.
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L'Écrit, la voix : Fonctions et champ de la voix en psychanalyse
Jacques Nassif
- Aubier
- 19 Février 2004
- 9782700724240
La psychanalyse, a-t-on coutume de dire, serait née de l'abandon de l'hypnose, donc du renoncement au pouvoir de la voix. Pour Freud, lui succède le texte du rêve qui, déchiffré dans la cure, fait de l'inconscient une chose qui s'écrit. Lacan dénude la voix comme cause du désir, le dire comme seul avènement de la vérité ; mais, à son tour, il refoule sa propre découverte en rêvant d'un langage sans parole : l'écrit. Pourtant, comme l'atteste le retour à la voix qui s'annonce dans ce livre, c'est bien elle seule qui, dans la cure, ouvre l'accès à l'inconscient. C'est elle seule qui se fait entendre dans toute lecture, que ce soit celle du rêve, de la séance ou de ces oeuvres littéraires qui, loin d'effacer le pouvoir de la voix, comme l'ont toujours fait les récits de cas cliniques (impossible d'entendre la voix de l'Homme aux rats ou de l'Homme aux loups), restituent l'effet de la voix même, comme révélation du monde et de la vie. L'enjeu est de taille, on le voit, puisqu'il s'agit de rien moins que du fondement de la psychanalyse elle-même et de la possibilité de sa transmission.
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Entre Freud et Jung, du premier instant de leur amitié au premier instant de leur rupture, il y eut une femme: Sabina Spielrein.Jeune juive de Rostov-sur-le-Don, elle arrive à Zurich en 1905 pour s'inscrire à la faculté de médecine mais sera finalement internée au Burghölzli, où travaillent les psychiatres Bleuler et Jung. Sabina a vingt ans, Jung trente. Il la prend en traitement, puis en analyse. Entre eux, c'est une incroyable passion amoureuse qui va naître. Mais Jung n'est pas seulement son analyste, il est aussi marié.La cure connaît un certain succès puisque Sabina pourra quitter le Burghölzli et, encouragée par Jung, entreprendre ses études de médecine et se destiner à la psychanalyse. Pourtant, dès 1909, elle lance un appel au secours à celui qui est alors très proche de Jung, Freud: «Je voudrais me séparer complètement du Dr Jung et suivre mon propre chemin.» En 1911, ayant soutenu sa thèse, Sabina Spielrein rejoint Vienne, où elle est admise à la Société psychanalytique: elle choisit Freud et restera freudienne. Son premier texte personnel sur La Destruction comme cause du devenir est cité par Freud comme l'une des sources de ses propres réflexions sur la pulsion de mort.De ce personnage, de cette histoire, de cette élaboration intellectuelle, le public ignore presque tout. Un itinéraire qui appartient au patrimoine commun de la psychanalyse (Freud) et de la psychologie analytique (Jung).Ce livre rassemble des lettres de Sabina Spielrein à Jung et Freud, des lettres de Freud à Sabina, des fragments de son journal, ainsi que des articles théoriques d'une prescience étonnamment moderne, en particulier lorsque Sabina Spielrein touche à la question du langage. Ces documents offrent également un éclairage tout à fait nouveau sur un moment décisif de l'histoire de la psychanalyse.Couverture: Sabina Spielrein © Institut Claparède.Précédée d'une longue étude du professeur Aldo Carotenuto, psychanalyste jungien, l'édition française est présentée et commentée par Michel Guibal et Jacques Nobécourt, l'un psychiatre et psychanalyste, l'autre historien, anciens membres de l'École freudienne de Paris, fondée, dirigée et dissoute par Jacques Lacan.Traduction de l'allemand par Marc B. de Launay (lettres de Freud à S. Spielrein) et Pierre Rusch (lettres à Jung et journal de S. Spielrein). Traduction de l'italien (texte d'A. Carotenuto) par Mathilde Armand.
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La psychanalyse face à ses détracteurs
Vannina Micheli-rechtman
- Aubier
- Psychanalyse Aubier
- 7 Novembre 2007
- 9782700701135
Plus d'un siècle après sa naissance, la psychanalyse
est toujours l'objet de controverses et d'attaques
virulentes. Lorsque le gouvernement français montre, à
partir de 2003, une volonté de réglementer l'exercice
de la psychothérapie et de la psychanalyse, c'est
l'ensemble du milieu psychanalytique et intellectuel
qui s'engage dans un vif et large débat, témoignant de
l'importance de cette discipline. Ses détracteurs mettent
en cause sa pertinence, son efficacité, son actualité
même, usant d'arguments souvent polémiques et peu
constructifs. L'histoire de la psychanalyse est ainsi
jalonnée de batailles et de remises en question qui
montrent la nécessité d'examiner sa place dans
la société, d'interroger son épistémologie, afin de
maintenir vivants son développement et sa transmission
en sortant d'une position essentiellement défensive.
Les détracteurs contemporains puisent dans les
dogmes modernes de la science les éléments de
leur contestation, mais Freud en avait déjà anticipé les
principales tendances. En développant une généalogie
de l'interprétation, un des concepts clefs de la théorie
et de la pratique psychanalytique, l'auteur entreprend
de resituer les différentes critiques dans leur contexte
historique. La psychanalyse est ici en débat avec
l'herméneutique (en montrant comment le freudisme en
modifie son histoire), avec la science (en partant de la
querelle entre les sciences de la nature et les sciences de
l'esprit), enfin avec la philosophie du langage (puisque
Wittgenstein se présentait comme un «disciple» de Freud).
Trois temps, trois débats, trois perspectives théoriques
dont les racines permettent de renouer le fil d'un conflit
moderne des paradigmes.
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Cette étude combine l'histoire et l'anthropologie pour analyser jusque dans le moindre détail tous les aspects de la vie à l'époque des Vikings : les banquets, l'élevage, la lutte contre les éléments, la mariage, la parenté, etc.
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Sortir de l'autisme ; parents, ces vérités qu'on vous cache
Henri Rey-Flaud
- Aubier
- 23 Février 2013
- 9782700704341
Quelle prise en charge pour l'enfant autiste ? Les parents, qui bien souvent ne connaissent ni les principes ni les effets des trois approches dominantes de l'autisme, sont tragiquement démunis face à cette question.
Aujourd'hui, le comportementalisme tient le haut du pavé. Avec lui, on espère obtenir ? et on obtient quelquefois ? une adaptation minimale à l'espace social ordinaire : prise des repas, hygiène corporelle, utilisation des transports, conduite dans les lieux publics. Mais au prix de quelle violence ? de quelle dénaturation de l'enfant ? À l'inverse, le « non-agir » initié dans les Cévennes, il y a près d'un demi-siècle, par Fernand Deligny défend l'idée que les autistes, représentants d'une humanité primitive, doivent être, comme les peuples premiers, respectés dans ce qu'ils sont et préservés du monde « civilisé », au risque d'être laissés à leur condition native.
La psychanalyse, repensée, réinventée, libérée des pratiques obsolètes, propose une troisième voie. Substituant une clinique du regard à celle de l'écoute et donnant la priorité à l'accueil et au « tissage » quotidien, elle entreprend d'amener l'autiste non pas à nous mais à lui-même, afin de faire apparaître, à terme, un enfant qui ne soit pas seulement présentable, montrable, mais, comme les autres, « rêvable » par ses parents.
Telle est assurément la sortie de l'autisme ? respectueuse de l'enfant ? qu'on est en droit d'attendre aujourd'hui.
Création Studio Flammarion Couverture : Photo © iStockphoto / Marcin Pawinski