Juin 1940. Écrasée militairement, la France capitule devant Hitler. Pendant quatre ans, et dans tous les domaines, le vainqueur impose sa loi. Chaque rouage de l'économie se met au service de l'effort de guerre allemand. L'industrie cinématographique n'échappe pas à la vigilance de l'occupant. Arme de guerre idéologique par excellence, le cinéma est placé sous la coupe d'Otto Abetz, de la Propagandastaffel, et de la Continental. Fleuron de la culture française, l'ensemble de l'industrie cinématographique est contraint de collaborer à la propagation des idéaux nazis à travers l'Europe occupée.
Mainmise idéologique et financière, persécutions antisémites. Malgré cette domination en apparence absolue, des voix discordantes se font entendre. De nombreux techniciens, réalisateurs, ou acteurs, parce qu'ils refusent la collaboration, rejoignent la Résistance. Tiraillé par des intérêts contradictoires, le cinéma français oscille entre compromission et volonté de renaissance. Une lutte fratricide s'engage, et chacun choisit son camp. Le septième art se transforme en champ de bataille idéologique.
Alain Weber nous livre un document unique et passionnant sur cette période sombre du cinéma français. Riche en portraits et en anecdotes, l'auteur nous fait redécouvrir les rôles-clefs des différents protagonistes. Hommes d'affaires compromis, agents de Vichy, censeurs allemands croisent des noms devenus mythiques comme Arletty, Marcel Carné, Robert Le Vigan, Jean Gabin, Jacques Prévert, sans oublier Henri Langlois qui dissimulait les trésors du cinéma français des convoitises nazies.
De la drôle de guerre en 1939 à La Bataille du rail en 1945, Alain Weber nous donne les clefs pour comprendre l'importance des luttes idéologiques, et financières qu'entraîne la domination nazie sur l'industrie cinématographique. Enjeux qui, aujourd'hui encore, restent d'une redoutable actualité.