Un riche aristocrate fidèle compagnon de route des communistes, un cinéaste qui a fait davantage de théâtre et d'opéra que de films ; " profondément humain, proche des êtres, délicieusement gentil ", mais aussi " autoritaire, despote, absolu " : on n'en finirait pas d'énumérer les paradoxes de Luchino Visconti, que soulignent aussi les critiques à propos de l'oeuvre, sujette à une controverse permanente, de son premier (Ossessione, 1943) à son dernier film (L'Innocent, 1976).
Un des pères du néoréalisme accusé de décadentisme, un défenseur des thèses du communiste Gramsci critique acerbe des temps nouveaux, on l'accuse d'avoir fini par ressasser ses propres déceptions, du Guépard (1963) à Violence et passion (1974). En fait, d'une culture littéraire, musicale, picturale éblouissante, il apparaît de nos jours comme un véritable " intellectuel européen ". À travers ses films, les querelles passionnées qu'ils ont déchaînées, les témoignages de ses proches et ses propres déclarations et des documents inédits, l'ouvrage tente de cerner cette figure complexe et séduisante, souvent plus proche de la légende que d'une authentique réalité.